Première année de quinquennat oblige, les baptêmes du feu s'enchaînent. Après le premier déplacement à l'étranger, le premier projet de loi, la première rentrée scolaire ou encore la première manifestation, l'exécutif s'apprête à présenter son premier budget, mercredi, en Conseil des ministres. Avec, à la clef, de lourds enjeux politiques.
Pas de budget rectificatif. D'abord parce que le projet de loi de finances 2018 imprimera durablement une certaine tonalité politique au quinquennat. Les choix qui seront faits seront imputables à l'exécutif et à lui seul quand, jusqu'ici, il pouvait encore attribuer certaines décisions à la majorité précédente. D'autant qu'Emmanuel Macron avait préféré de ne pas faire de budget rectificatif pendant l'été, assumant les derniers arbitrages de François Hollande. Certaines décisions polémiques, notamment le non-renouvellement d'une partie des contrats aidés, lui ont d'ailleurs été attribuées.
Mettre fin aux critiques de la gauche. Plus d'excuses cette fois, l'exécutif aura la main. Et l'enjeu est, pour lui, de mettre fin aux critiques venues de la gauche, qui l'accuse de favoriser les plus aisés. "On voit bien qu'il y a une stratégie qui est de baisser l'impôt des plus aisés des Français", a fustigé Michel Sapin, ancien ministre socialiste des Finances, sur Europe 1 lundi. "Le bouclier fiscal d'aujourd'hui est quatre fois plus épais que le bouclier fiscal de Nicolas Sarkozy."
Pour faire oublier l'image de "président des riches" qui colle à la peau d'Emmanuel Macron, le gouvernement compte mettre en avant les mesures prévues en faveur du pouvoir d'achat, notamment la baisse des cotisations sociales en deux temps ou la suppression de la taxe d'habitation pour 80% des foyers. Reste à savoir si cela suffira, alors que dans le même temps l'impôt de solidarité sur la fortune est réformé pour devenir un impôt sur la fortune immobilière, qu'une hausse de la CSG est prévue et que les députés de la majorité réfléchissent à favoriser l'investissement en allégeant la fiscalité du capital.
À la recherche de la "vraie majorité". Le deuxième enjeu politique de ce premier budget est de recenser les soutiens réels de la majorité. Celle-ci étant écrasante à l'Assemblée nationale, l'exécutif n'a pas un besoin urgent d'alliés. Néanmoins, son assise lors du vote de confiance, début juillet, était plus large que les seuls élus LREM et MoDem. Une douzaine de Constructifs avaient voté pour, de même que trois Nouvelle gauche (ex-PS). Surtout, quelque 75 LR et 23 Constructifs s'étaient abstenus.
Le gouvernement pourrait-il compter par la suite sur ces partisans et ces attentistes venus d'autres bords politiques que le sien ? "On verra la véritable opposition et la vraie majorité lors du projet de loi de finances", prévenait un élu LREM il y a quelques semaines. "C'est toujours lors du budget qu'on compte ses amis." Les Constructifs, par exemple, accepteront-ils de soutenir un texte qui prévoit une hausse de la CSG avec laquelle ils ne sont pas d'accord ? Le budget devrait permettre de clarifier les lignes à l'Assemblée.