Le maire LR de Cannes David Lisnard a été élu à la tête de l'influente Association des maires de France (AMF) ce mercredi lors du congrès des maires de France qui se tenait à Paris. David Lisnard succède à François Baroin, président de l'association depuis 2014. Le maire de Cannes a remporté le scrutin avec 62% des voix face au "Macron compatible" Philippe Laurent, le maire de Sceaux.
David Lisnard sera l'invité exceptionnel de La France bouge jeudi de 13 heures à 14 heures sur Europe 1.
À 52 ans, David Lisnard s'est imposé lors du 103e congrès de l'AMF face à l'élu UDI de Sceaux et secrétaire général sortant de l'AMF, un centriste plus enclin à dialoguer avec la majorité présidentielle après un quinquennat marqué par les tensions entre l'AMF et l'exécutif. Élu pour un mandat de trois ans, le maire de Cannes s'est engagé dans son premier discours à "être le garant de l'indépendance de l'AMF".
Soutenu par les maires socialistes
David Lisnard ne comptait pas sur un soutien unanime de sa famille politique, à l'image de Renaud Muselier, le président de la région PACA, qui a appelé les maires à voter pour Philippe Laurent, adversaire qui avait d'autres élus Républicains sur sa liste comme le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau. Avec à ses côtés l'inamovible André Laignel, maire socialiste d'Issoudun (78 ans), ancien ministre de François Mitterrand et premier vice-président sortant de l'AMF, David Lisnard, bien ancré à droite, avait le soutien du PS, à l'exception du maire du Mans Stéphane le Foll.
"Nous soutenons la liste pluraliste", a expliqué une responsable socialiste, soulignant que David Lisnard y avait incorporé aussi des écologistes et des communistes. La majorité présidentielle, en revanche, n'en fait pas partie. David Lisnard a aussi reçu le soutien du polémiste d'extrême droite Eric Zemmour qui a estimé qu'une victoire de Philippe Laurent transformerait l'AMF en "succursale de l'Élysée".
Un duel entre deux manières d'appréhender les relations avec Macron
Avant de connaître le résultat, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal s'est dit "choqué par une instrumentalisation des maires par LR". Au-delà de la personnalité des deux prétendants, ce sont deux manières d'appréhender les relations avec Emmanuel Macron qui se sont affrontées : David Lisnard se présentait comme le garant de "l'ADN indépendant" de l'AMF qui a caractérisé les sept années de mandat de François Baroin, alors que Philippe Laurent était plus disposé à dialoguer avec l'exécutif.
Le vote, qui a débuté sur internet mardi en fin d'après-midi peu après l'ouverture du 103e congrès de l'AMF, présentait plus d'incertitudes que par le passé, les maires pouvant s'exprimer à distance, contrairement aux scrutins précédents. Avec plus de 11.500 votants (sur 34.155 inscrits), la participation a largement dépassé les 4.000 qui ont caractérisé les scrutins précédents.
François Baroin, le président sortant et maire LR de Troyes, avait annoncé fin août qu'il ne briguerait pas de troisième mandat et avait immédiatement soutenu le maire de Cannes. Ce soutien avait contrarié le secrétaire général de l'AMF, Philippe Laurent, qui avait épaulé le président sortant pendant sept ans et qui s'est alors lancé dans la course.
Des tensions entre l'AMF et le gouvernement
Cette élection intervient au terme d'un quinquennat marqué par de fortes divergences entre l'exécutif et l'AMF, accusée par le gouvernement "de ne pas avoir été force de proposition, mais force d'opposition systématique" sous François Baroin. Peu après son arrivée à l'Elysée, alors qu'il avait annoncé la suppression de la taxe d'habitation, Emmanuel Macron avait été sifflé lors de sa première intervention au congrès de l'AMF.
Le hashtag #balancetonmaire, lancé un an plus tard sur les réseaux sociaux par la macronie pour dénoncer les élus qui avaient augmenté la taxe d'habitation, est également resté en travers de la gorge de nombreux élus. A l'issue du scrutin, le président de la République recevra à l'Elysée un peu plus d'un millier de maires lors d'une "réception plutôt informelle" et sans discours, selon la présidence. Le chef de l'Etat s'exprimera ensuite jeudi après-midi devant eux en clôture du congrès. Selon l'Elysée, "il va remercier les maires pour leur action durant l'épidémie" et "insister sur l'accompagnement des collectivités territoriales depuis le début du quinquennat".