Lorsqu'il était encore un candidat En Marche, Emmanuel Macron a reçu 74.702 dons entre la création de son parti, en mars 2016, et le second tour de la présidentielle, le 7 mai 2017. Et la liste de ces donateurs, qu'Europe 1 et le JDD ont pu consulter, est particulièrement riche d'enseignements.
1,2% des donateurs à l'origine de 48% des dons. Pour financer son raid sur l'Élysée, le mouvement s’était lancé dans une course effrénée aux fonds privés, mobilisant ses réseaux dans la nouvelle économie et dans la haute finance. Dix-huit mois plus tard, le constat s’impose : Emmanuel Macron a été particulièrement aidé par les plus aisés. Moins de 1.000 personnes représentent 48% des dons reçus à l'époque par le candidat d'En Marche. 6,3 millions d'euros de dons, sur les 13 millions récoltés au total par le parti, viennent ainsi de seulement 913 personnes, soit 1,2% des donateurs. Ceux-ci ont donné entre 5.000 et 7.500 euros, le maximum légal.
Si des milliers de petits dons (51.000), inférieurs à 50 euros, ont été récoltés, ils ne pèsent que de façon marginale dans la masse des soutiens engrangés : 1,7 million d'euros, soit 13% du total.
Des dons essentiellement venus de Paris. L'origine géographique des donateurs est également instructive. La masse des soutiens financiers au mouvement se concentre sur Paris et sa proche banlieue, avec 56% des dons, soit 7,4 millions d'euros, alors qu'elle n'englobe que 19 % de la population française.
Les expatriés surreprésentés. Les expatriés, qu’Emmanuel Macron s’est attaché à séduire au cours de plusieurs voyages, sont également surreprésentés : 1,8 million d’euros de dons (14% du total) ont pour origine l’étranger, dont 800.000 euros venant de Grande-Bretagne. Le Royaume-Uni a rapporté plus que l’ensemble des contributions des neuf plus grandes villes françaises de province. Curieusement, 18 dons en provenance du Liban (105.000 euros) ont rapporté davantage que les contributions des habitants de Marseille, pourtant deuxième plus grande ville de France.
Un record de dons au plafond. Avant même que le futur président ne quitte Bercy, les dons au plafond maximum de 7.500 euros affluent. Le Parti en engrange plus de 300 sur la seule année 2016, et à nouveau 359 en 2017, les mêmes donateurs ayant la possibilité de contribuer deux fois. Ainsi, quatre dons de 7.500 euros ont pour origine la petite commune du Sappey-en-Chartreuse (1.119 habitants), en Isère, où la bourgeoisie grenobloise a ses habitudes. Quant aux dons au candidat, plafonnés à 4.600 euros, Emmanuel Macron en recevra 235… Tous au plafond !
Très peu d'adhérents actifs. "Cela illustre les défis auxquels est confronté le parti aujourd’hui", remarque le politologue Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof et co-auteur d’une enquête de grande ampleur sur les adhérents de La République En Marche. "Une adhésion gratuite au mouvement ne règle pas le problème de fond" : aujourd’hui, à peine un quart des 400.000 adhérents revendiqués seraient actifs, et LREM rassemble 80% de diplômés, 60% de cadres, et seulement 8% d’ouvriers et d’employés, pourtant majoritaires dans la population.