Après sa troisième place surprise en France aux élections européennes, Europe-Écologie-Les Verts est l'objet de toutes les convoitises, à gauche comme du côté de La République en marche. Mais les écologistes entendent bien être eux-même à la manœuvre pour trouver leur place dans le nouveau paysage politique français. Dans les colonnes du Journal du dimanche, le secrétaire national du mouvement David Cormand détaille ainsi son projet de création d'une "nouvelle force", qui rassemblerait au-delà de son simple parti.
"Nous avons tiré les leçons des occasions manquées". Revenant sur l'échec d'EELV à capitaliser sur son bon score aux européennes de 2009 (16,3%), David Cormand reconnaît que les écologistes avaient alors "péché par un manque d'unité et faute d'une ligne politique claire".
"Faire émerger une alternative à Macron et Le Pen"
Désormais, celui qui dirige EELV depuis 2016 veut profiter de la nouvelle dynamique enclenchée par la troisième place de Yannick Jadot pour "dessiner un nouveau paysage politique". "Nous travaillons à faire émerger une alternative à Emmanuel Macron et à Marine Le Pen", ajoute-t-il, notant "l'effondrement des deux piliers qu'étaient le bloc de droite et le bloc social-démocrate". Pour cela, précise-t-il, "nous devons construire une nouvelle force politique, à la hauteur du défi climatique, pour peser sur le cours des choses".
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"Il y a urgence", alerte l'écologiste, questionné sur la date du lancement de cette nouvelle force, avant de renvoyer aux journées d'été des Verts, qui se dérouleront à Toulouse fin août, avant "d'autres rendez-vous".
"Il faut bâtir un mouvement écologiste qui rassemble largement. EELV en sera bien sûr l'une des pierres, mais cela ne suffira pas", détaille David Cormand. "Cette nouvelle force devra s'appuyer sur la société mobilisée, la jeunesse, la génération climat. Génération Écologie ou le parti animaliste, par exemple, y auraient toute leur place"".
"Il faut passer du programme commun au programme des communs"
En revanche, le secrétaire national d'EELV refuse de tendre la main aux écologistes soutiens de la majorité, comme Daniel Cohn-Bendit ou Pascal Canfin. Il ne se montre guère plus enthousiaste en évoquant le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon. "J'entends davantage ses accents populistes et sa tentation d'incarner à lui seul la République que sa vision écologique", cingle-t-il. "L'écologie n'a pas besoin d'un leader maximo".
"Nous ne pensons pas que le remède au capitalisme soit dans la gauche productiviste", explique encore David Cormand. "Il faut passer du programme commun au programme des communs, basé sur la rupture avec le productivisme, la protection du vivant sous toutes ses formes, et le respect des droits humains".
Au lendemain des Européennes, invité de Franceinfo, Yannick Jadot avait déjà prévenu vouloir "dépasser Europe-Écologie-Les Verts", en construisant "un grand mouvement de l'écologie politique, beaucoup plus large, ouvert, crédible, enthousiasmant".