Législatives 2024 : Macron promet des consignes de vote claires pour le second tour

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avec AFP , modifié à
À deux jours du premier tour des élections législatives, le président de la République Emmanuel Macron a assuré que la majorité présidentielle sera d'"une grande clarté" dans les consignes de vote au second tour. De son côté, Marine Le Pen a réitéré la volonté du Rassemblement national de s'opposer à l'envoi de troupe en Ukraine.

La campagne s'achève vendredi à minuit pour le premier tour des élections législatives où l'extrême droite est donnée grande favorite mais tout dépendra ensuite des reports de voix de l'entre-deux-tours, Emmanuel Macron promettant "la plus grande clarté" dans les consignes de vote en cas de duel entre le Rassemblement national et la gauche. Tous les sondages donnent une avance très confortable au RN. Renforcé par la frange des Républicains alliés à Éric Ciotti, il est crédité de 36 à 37% des intentions de vote. La gauche reste distancée entre 28 et 29%, et la majorité sortante reléguée entre 20% et 21%.

Les informations à retenir : 

  • Emmanuel Macron promet "une grande clarté" dans les consignes de vote au second tour
  • Le Rassemblement national s'opposera à la reconduction de Thierry Breton comme commissaire européen
  • le RN progresse encore (37%), la majorité présidentielle recule (20%), selon un nouveau sondage

Emmanuel Macron promet "une grande clarté" dans les consignes de vote au second tour

Le parti de Marine le Pen et de Jordan Bardella n'est cependant pas assuré de disposer d'une majorité absolue à l'issue du second tour, le 7 juillet. Tout dépendra du résultat dimanche soir et ensuite des reports de vote. Jeudi soir, en marge d'un sommet européen à Bruxelles, Emmanuel Macron a promis "une grande clarté" dans les consignes de vote pour le second tour en cas de duel entre le RN et la gauche.

"Je veux évidemment éviter que les extrêmes, et notamment l'extrême droite, puissent gagner ces élections", a affirmé de son côté Gabriel Attal vendredi sur BFMTV/RMC. Et, alors que l'exécutif avait pu donner l'impression ces derniers temps de mettre sur un pied d'égalité le RN et La France insoumise "et ceux qui les suivent", Emmanuel Macron a semblé à Bruxelles nuancer cette position. "J'ai eu l'occasion de dire qu'à l'extrême gauche des gens avaient tenu des propos sur l'antisémitisme ou la violence, sur l'antiparlementarisme que je désapprouvais, qui sortaient de l'arc républicain, mais je ne fais pas une confusion générale avec l'ensemble d'autres formations politiques", a relevé le chef de l'État.

Le RN progresse encore (37%), la majorité présidentielle recule (20%)

Le RN atteint 37% des intentions de votes pour le premier tour des élections législatives, en hausse de 2 points par rapport au 24 juin, selon un sondage Opinionway publié vendredi pour Les Echos. En parallèle, la majorité présidentielle Ensemble perd 2 points et s'établit à 20%. Le Nouveau Front populaire reste stable, à 28%. Dans ce sondage, LR se maintient à 6%, et Reconquête à 1%. Mais 18% des personnes n'expriment pas d'intention de vote.

L'union des gauches est particulièrement plébiscitée par les jeunes : 59% des 18-24 ans disent vouloir glisser un bulletin Nouveau Front populaire dans l'urne, 24% privilégieront le RN. Cette élection historique, qui pourrait voir arriver le Rassemblement national au pouvoir, suscite un très grand intérêt : 70% des personnes interrogées se disent intéressées par la campagne, contre 44% en 2022. La majorité des électeurs ont arrêté leur décision, 78% des sondés se disant sûrs de leur choix.

Le sondage a été réalisé par internet du 26 au 27 juin 2024 sur un échantillon représentatif de 1.058 personnes inscrites sur les listes électorales. Les marges d'erreur sont comprises entre 1,4 et 3,1 points.

 

Le Rassemblement national s'oppose à la reconduction de Thierry Breton comme commissaire européen

Emmanuel Macron a aussi dénoncé l'"arrogance" du RN qui entend lui imposer une cohabitation dure en cas de victoire et s'est "déjà réparti" tous les postes du gouvernement. Après avoir qualifié la fonction de chef des armées du président de la République de simple "titre honorifique", Marine Le Pen a réaffirmé vendredi sur Europe1/CNews qu'elle considérait l'envoi de troupes à l'étranger, et donc notamment en Ukraine, comme "une prérogative du Premier ministre".

Pour le même motif, elle a aussi indiqué que Jordan Bardella à Matignon s'opposerait à la reconduction de Thierry Breton comme commissaire européen, annoncée jeudi par Emmanuel Macron à ses partenaires. Dimanche, une forte participation, qui pourrait être au plus haut depuis 25 ans, est attendue : près de deux électeurs sur trois prévoient d'aller voter, contre moins d'un sur deux aux législatives de 2022.

Avec une conséquence prévisible : "Il y aura certainement des élus dès le premier tour", à un niveau "qu'on n'avait pas connu depuis longtemps", prédit à l'AFP le directeur général délégué d'Ipsos Brice Teinturier. Plus de 50 comme en 2002 ? Plus de 100 comme en 2007 ? Leur nombre donnera en tout cas une idée de l'ampleur de la vague bleu marine annoncée. Mais tout ne sera pas joué dimanche, car il y aura aussi "énormément de triangulaires" ajoute le sondeur, qui anticipe "potentiellement 200, voire 240" circonscriptions dans ce cas de figure.

La question du "désistement républicain" face à l'extrême droite est donc au cœur des enjeux. Une option déjà défendue au sein du Nouveau Front populaire, où écologistes, socialistes et communistes ont fait savoir que leurs candidats arrivés en troisième position se retireraient.

Jean-Luc Mélenchon reste déterminé à peser dans le NFP

À gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui reste un épouvantail pour ses adversaires, a indiqué jeudi qu'il n'entend pas être "rayé de la carte". Y compris par ses alliés qui ne souhaitent pas le voir devenir Premier ministre en cas de victoire. Notamment le socialiste Olivier Faure qui a affirmé, lors d'un ultime débat télévisé sur France 2, qu'à Matignon, il faudra "une force tranquille", à l'opposé du tempétueux tribun qui avait récolté 22% des voix à la dernière présidentielle.

"Ils commettent une lourde erreur s'ils croient qu'ils vont gagner des voix en me tapant dessus. Ce qu'ils risquent, c'est de dégoûter les gens qui votent Insoumis de voter pour eux", a mis en garde Jean-Luc Mélenchon. Du côté de la majorité sortante, Gabriel Attal a continué de distribuer les coups jeudi soir lors d'un ultime débat tendu avec Jordan Bardella et Olivier Faure.

Le chef du gouvernement a particulièrement attaqué le président du RN, accusé de soutenir "une centaine de candidats" ayant tenu des propos "racistes, antisémites et homophobes". Son entourage a également diffusé "une carte de la honte" interactive où l'on retrouve les propos controversés de 112 candidats RN. Parmi eux, le député sortant Roger Chudeau. L'élu du Loir-et-Cher a estimé qu'un membre du gouvernement ne pouvait pas être binational, car cela posait un "problème de double loyauté", prenant l'exemple de l'ancienne ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem dont la nomination fut "une erreur". Des propos qui ont immédiatement suscité une vive polémique.

"Nous devons combattre avec force et on doit s'indigner de ces choses-là", a déclaré à Bruxelles Emmanuel Macron, la présidente sortante de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet déplorant que le parti montre son "vrai visage", celui d'"un racisme décomplexé". L'"avis personnel" de Roger Chudeau est "totalement contraire au projet du Rassemblement national", a rétorqué vendredi Marine Le Pen.