Législatives 2024 : Ciotti retire son investiture à un candidat pour «propos antisémites»

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avec AFP , modifié à
Plus d'une semaine après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, la campagne bat son plein. Jordan Bardella s'est rendu au salon de défense Eurosatory, notamment pour clarifier ses positions sur sa politique internationale. Éric Ciotti, le patron des LR, a lui retirer son investiture à un candidat pour "propos antisémites".
L'ESSENTIEL

A 11 jours des législatives, le président du Rassemblement national Jordan Bardella se rend mercredi au salon de défense Eurosatory où il pourrait clarifier ses positions en matière de politique étrangère, tandis que la gauche s'indigne au lendemain d'une lourde charge d'Emmanuel Macron contre le Nouveau Front populaire.

Les informations à retenir : 

  • Le Rassemblement national retire son soutien à l'un de ses candidats après un tweet antisémite
  • Jordan Bardella promet de dissoudre "toutes les organisations d'ultragauche et d'ultradroite", y compris le GUD
  • Emmanuel Macron pourrait activer l’article 16 de la Constitution en cas de débordements après les élections
  • Jordan Bardella attendu au salon de la défense pour préciser ses engagements
  • Ciotti retire son investiture à un candidat pour "propos antisémites" en Meurthe-et-Moselle

Éric Ciotti retire son investiture à un candidat pour "propos antisémites"

Éric Ciotti, à l'origine d'un alliance entre la droite et le RN aux législatives, a retiré mercredi son investiture à Louis-Joseph Pecher, qui se présentait sous ses couleurs en Meurthe-et-Moselle pour des "propos antisémites, homophobes et orduriers" sur les réseaux, a-t-il indiqué dans un communiqué. "L'union des droites que nous appelons de nos vœux doit précisément faire barrage aux torrents de haine, d'antisémitisme et de violence portées par l'extrême gauche", a affirmé le président des "Républicains à droite".

Les propositions du RN et du Nouveau Front populaire sont "dangereuses" pour l'économie, selon le Medef

Le Medef, première organisation patronale française, a jugé mercredi "inappropriées" et "dangereuses" pour l'économie française des mesures proposées par le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire en vue des législatives des 30 juin et 7 juillet. "Plusieurs mesures proposées par le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement national apparaissent inappropriées et même dangereuses pour l'économie française, la croissance et l'emploi", a prévenu le Medef à la veille de l'audition de responsables des principaux partis en lice.

Cette mise en garde de l'organisation patronale, qui compte 200.000 entreprises adhérentes employant 10 millions de personnes, est reprise dans un document détaillant ses "dix conditions pour la réussite économique de la France", à moins de deux semaines du premier tour des législatives. "Si ces programmes se concrétisaient en 2024 ou après", ils provoqueraient "des hausses d'impôts, (...) le départ des investisseurs étrangers et des faillites massives d'entreprises, donc des destructions d'emplois", a-t-il estimé.

Le Rassemblement national retire son soutien à l'un de ses candidats après un tweet antisémite

Le Rassemblement national a indiqué mercredi qu'il n'accordait plus son soutien à l'un de ses candidats dans le Morbihan, Joseph Martin, un cadre du parti à la flamme qui avait publié un message antisémite sur les réseaux sociaux en 2018, jamais effacé ni renié. "Il n'a plus le soutien du Rassemblement National, il est suspendu et sera convoqué en vue de son exclusion", a indiqué le RN à l'AFP, en rappelant qu'il n'était pas possible de retirer sa candidature.

Dans un message repéré par Libération, le candidat de la première circonscription du Morbihan avait écrit en octobre 2018 que "le gaz (avait) rendu justice aux victimes de la Shoah". La publication a été effacée mercredi à la mi-journée. Dans la matinée, Jordan Bardella avait fait valoir que "des dizaines, voire des centaines d'investitures" avaient "été faites en quelques heures", en marge d'un déplacement en Seine-Saint-Denis. 

Joseph Martin avait déjà été investi candidat par le RN aux législatives de 2022, à l'époque dans la deuxième circonscription du Morbihan. Il avait recueilli 15,35% des voix au premier tour, sans parvenir à se qualifier pour le second

Emmanuel Macron pourrait activer l’article 16 de la Constitution en cas de débordements après les élections

Face au blocage des institutions, Emmanuel Macron pourrait démissionner, mais le chef de l'État dispose d'une autre solution : le recours à l'article 16 de la Constitution, qui lui confère les pleins pouvoirs. Selon nos informations, Emmanuel Macron a discuté de cette hypothèse avec plusieurs proches. Ce mardi matin, le palais de l'Élysée a fait savoir qu'il démentait. 

La Constitution ne prévoit pas de durée maximale d'exercice de ces pouvoirs exceptionnels, seul le Conseil constitutionnel peut apprécier, après 60 jours, si son usage est toujours justifié. Jusqu'ici, l'article 16 n'a été utilisé qu'une seule fois dans l'histoire de la Vème République, c'était en 1961, par le général de Gaulle, après la tentative de putsch des généraux.

Emmanuel Macron "perd ses nerfs", juge la gauche

Prié par une partie de ses troupes de ne pas s'afficher dans la campagne, Emmanuel Macron ne reste pourtant pas avare de déclarations. En déplacement sur l'île de Sein (Finistère) pour célébrer le 84e anniversaire de l'Appel du 18 Juin, il a taxé le programme du Nouveau Front populaire, de "totalement immigrationniste". Ils proposent "d'abolir toutes les lois qui permettent de contrôler l'immigration", a-t-il martelé devant des journalistes.

Il a aussi dénoncé "des choses complètement ubuesques comme aller changer de sexe en mairie" dans le programme de la gauche qui propose d'"autoriser le changement d'état-civil libre et gratuit devant un officier d'état civil". Ces déclarations ont suscité l'ire des responsables de la nouvelle union.

"On attendait Jupiter on a eu Néron", a taclé sur RTL le premier secrétaire du parti socialiste Olivier Faure. "Comment est-il possible que cet homme qui a été élu et réélu pour faire face à l'extrême droit enchaîne en réalité les reprises du discours de l'extrême droite?" "Le président de la République perd ses nerfs en attaquant le programme du Front populaire là-dessus (...) Je le sens un peu fébrile", a commenté de son côté le patron des communistes Fabien Roussel sur franceinfo.

Bardella attendu au salon de la défense pour préciser ses engagements

Après avoir tenté de dissiper les doutes sur la réforme des retraites, s'engageant à l'abroger en favorisant les carrières longues, la visite à Eurosatory, plus grand salon international de défense et de sécurité terrestres, pourrait donner l'occasion à Jordan Bardella de s'exprimer notamment sur la guerre en Ukraine, l'une des principales épines pour le RN.

Longtemps considéré comme proche du Kremlin, le parti d'extrême droite affiche depuis l'invasion russe de 2022 un soutien à Kiev, mais il s'oppose aux sanctions économiques européennes contre Moscou et s'est abstenu à plusieurs reprises sur des textes en faveur de l'Ukraine, un positionnement qui lui a valu les foudres de l'exécutif.

Le Rassemblement national a aussi fait évoluer sa position sur l'Otan : en 2022, Marine Le Pen, en campagne pour la présidentielle, avait promis de "quitter le commandement intégré" de l'organisation, au nom de "l'indépendance" de la France. Deux ans plus tard, Jordan Bardella s'est dit contre une sortie tant que la guerre en Ukraine "est toujours en cours". Le président du RN va continuer à appeler ses électeurs à la mobilisation. Désigné par son camp comme futur Premier ministre en cas de victoire, il a assuré mardi qu'il "refuserait d'être nommé" à Matignon, sans majorité absolue à l'issue des législatives.

Bardella promet de dissoudre "toutes les organisations d'ultragauche et d'ultradroite", y compris le GUD

Jordan Bardella a assuré mercredi qu'il dissoudrait "toutes les organisations d'ultragauche et d'ultradroite" s'il devait arriver au pouvoir, y compris le GUD, un syndicat étudiant accusé d'être "très ami avec beaucoup de gens du Rassemblement national" par Gérald Darmanin. "Si demain je suis à la tête du pays, je n'aurai aucune forme de tolérance à l'égard de ceux qui se livrent à de la violence dans notre pays", a martelé Jordan Bardella en marge d'une visite d'un salon des industries de défense en Seine-Saint-Denis.

Plus tôt, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé qu'il allait "proposer au président de la République" la dissolution du Groupe union défense (GUD), organisation d'ultradroite connue pour ses actions violentes, très active dans les années 70 et récemment réactivée.