Législatives 2024 : le Nouveau Front populaire propose d'enclencher un «cercle vertueux» économique

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avec AFP / Crédit photo : Henrique Campos / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Le Nouveau Front populaire, qui a présenté vendredi lors d'une conférence de presse le chiffrage économique de son programme, met en avant deux "piliers" de sa politique budgétaire : "la relance par la satisfaction des besoins et le sérieux financier par le partage des richesses".

Le Nouveau Front populaire, qui rassemble plusieurs forces de gauche, a proposé vendredi d'enclencher "un cercle vertueux" économique en dévoilant un projet de financement de son programme à l'équilibre, répondant à ses adversaires qui l'accusent de fuite en avant budgétaire. Selon son chiffrage, les dépenses publiques supplémentaires atteindraient 150 milliards d'euros fin 2027 en cas d'élection, pour des recettes évaluées également à 150 milliards d'euros, grâce surtout à une hausse de la fiscalité.

Jeudi, le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon avait donné des chiffres sur cinq ans : 200 milliards d'euros de dépenses et 230 milliards de recettes. En projetant les estimations du Nouveau Front populaire sur deux années supplémentaires, "nous ne sommes pas si éloignés de ce qui est dit sur cinq ans par Jean-Luc Mélenchon", a affirmé Eric Coquerel (LFI), ancien président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, vendredi à la Maison de la chimie.

L'instauration d'un ISF "avec une composante climatique"

L'économie française "ne résisterait pas à un tel choc fiscal et budgétaire", a estimé dans un communiqué l'équipe de campagne de la majorité sortante. Elle compare ce programme avec celui de l'ancien président socialiste François Hollande, sous le mandat duquel les prélèvements "avaient été augmentés de 60 milliards d'euros, déclenchant alors le 'ras-le-bol fiscal' des Français", affirme-t-elle, avec un impôt sur la fortune rapportant 5 milliards d'euros, contre 15 milliards selon le programme du Nouveau Front populaire.

 

En outre "avec la nouvelle Nupes (ancienne alliance de gauche, ndlr), l'industrie, c'est fini", selon le camp présidentiel, qui a chiffré à plus d'un million le nombre d'emplois qui seraient détruits. Le Nouveau Front populaire, qui a présenté vendredi lors d'une conférence de presse le chiffrage économique de son programme, met en avant deux "piliers" de sa politique budgétaire : "la relance par la satisfaction des besoins et le sérieux financier par le partage des richesses". Selon l'alliance de gauche, un "cercle vertueux" économique permettrait de doper la croissance au travers d'une relance de la demande. Le Nouveau Front populaire promet d'épargner de hausse d'impôts 92% des Français.

Parmi les mesures phare du programme, l'instauration d'un impôt sur la fortune (ISF) "avec une composante climatique". Celui-ci pourrait rapporter "douze, treize milliards" les premières années avant de monter à 15 milliards, au lieu de "quatre, cinq" milliards avant sa transformation par Emmanuel Macron en impôt sur la fortune immobilière (IFI), a précisé l'économiste Julia Cagé, une des cautions économiques de l'alliance.

Taxe sur les superprofits

La suppression par Emmanuel Macron à son arrivée à l'Élysée de l'ISF, transformé en IFI, avait marqué la volonté du gouvernement de renforcer l'attractivité française en matière d'investissements. Les 500 plus grandes fortunes représentaient 10% du PIB il y a dix ans et 50% du PIB aujourd'hui, a notamment fustigé Julia Cagé. Dès 2024, afin de "répondre immédiatement aux urgences", le Nouveau Front populaire entend également mettre en place une taxe sur les superprofits, qui rapporterait également 15 milliards d'euros.

 

Ces 30 milliards d'euros serviraient à financer notamment la revalorisation des allocations personnelles au logement (APL) de 10%, l'abrogation des réformes des retraites et de l'assurance-chômage, et une hausse de 10% du point d'indice des fonctionnaires. Ces réformes coûteraient 25 milliards d'euros, estime la gauche. Également promises par le NFP, l'abrogation de la réforme des retraites et une nouvelle "grande loi" avant 2027 sur un retour de la retraite à 60 ans, a annoncé Eric Coquerel au cours de la conférence de presse.

Autre mesure phare et fortement critiquée par les adversaires de la gauche, l'augmentation du Smic de 14% à 1.600 euros, accusée par le gouvernement et les patrons de représenter un danger pour l'emploi dans les entreprises. "Nous les aiderons", a affirmé la députée écologiste sortante Eva Sas, également présente sur scène, citant des mesures d'accompagnement financier pour les PME et les TPE. En cas de victoire, le Nouveau Front populaire entend également supprimer "des niches fiscales inefficaces, injustes et polluantes" et la "flat tax", un taux forfaitaire pour la fiscalité des revenus financiers.