Législatives 2024 : retraites, immigration, santé, éducation... Que proposent la majorité, le NFP, et le RN dans leur programme

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Europe 1 avec AFP
A trois jours du second tour des élections législatives, Europe 1 fait le tour d'horizon des principales propositions des trois blocs politiques majeurs dans cette élection, majorité, Nouveau Front Populaire et Rassemblement national, dans plusieurs domaines. Immigration, retraites, droits des femmes... L'article à lire (ou à picorer) pour tout savoir. 

Connaissez-vous les programmes des trois grands blocs qui s'affrontent lors de ces élections législatives ? Retraites, immigration, sécurité, droits des femmes, santé ou encore éducation... à trois jours d'un second tour qui voit Jordan Bardella aux portes de Matignon, tour d'horizon des principales propositions du Nouveau Front Populaire, de la majorité et du Rassemblement national.

Immigration, des propositions aux antipodes 

En matière d'immigration, thème majeur pour l'extrême droite, le Rassemblement national propose plusieurs mesures pour durcir les droits des étrangers s'il accède au pouvoir après les législatives alors que le Front populaire promet au contraire d'abroger la dernière loi immigration.

Le RN promet une "loi d'urgence"

L'immigration est le thème central du Rassemblement national qui veut lui consacrer une "loi d'urgence". Le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella prétend restreindre le "droit du sol" - principe permettant à un enfant né en France de parents étrangers d'obtenir la nationalité à certaines conditions - ou encore réserver certaines aides sociales aux seuls Français et sous conditions.

Il dit également vouloir "empêcher" les binationaux d'occuper "des emplois extrêmement sensibles", par exemple faire en sorte que des binationaux russes ne puissent occuper des "postes de direction stratégique dans la défense". Le RN prône aussi l'instauration d'une "double frontière" en ouvrant "des négociations" avec les "partenaires" européens pour "réserver la libre-circulation Schengen aux seuls ressortissants européens". Il veut aussi, dans son programme, "renforcer les sanctions pour les employeurs de travailleurs clandestins".

L'Aide médicale d'Etat (AME), qui garantit aux étrangers en situation irrégulière depuis plus de trois mois en France la prise en charge gratuite de soins médicaux sous condition de ressources, est aussi dans son collimateur: le parti veut la remplacer par une aide d'urgence vitale plus restreinte.

La majorité fidèle à sa loi immigration

Le parti présidentiel, qui a fait adopter au forceps en décembre une nouvelle loi immigration, votée par les députés RN mais qui avait suscité quelques troubles au sein de la majorité, indique dans son programme qu'il "continuera" à expulser "tout étranger délinquant ou radicalisé qui représente une menace à l'ordre public". "Toute délivrance d'une carte de séjour de longue durée sera conditionnée à la maîtrise du français et au respect des valeurs républicaines. Dans le cas contraire, les préfets pourront retirer le titre de séjour", indique-t-il également.

Le camp présidentiel espère aussi, grâce à la réforme européenne du droit d'asile, ouvrir des centres de rétention aux frontières extérieures de l'Europe pour examiner la situation des migrants avant qu'ils n'arrivent sur notre sol. Tout en assurant que l'objectif est de continuer "à accueillir des chercheurs de renom, des médecins, des étudiants à fort potentiel, tout comme les travailleurs qualifiés dont notre tissu économique a besoin".

La gauche pour un "accueil digne"

Le Nouveau Front populaire se distingue en promettant, en cas de succès aux législatives, d'abroger la loi immigration et il s'engage à "garantir l'accès à l'aide médicale d'État". S'engageant à "garantir un accueil digne", l'alliance des partis de gauche promet aussi de "garantir le droit du sol intégral pour les enfants nés en France et faciliter l'obtention de la nationalité française". Il propose également mettre en place une agence de sauvetage en mer et sur terre.

Le NFP prévoit en outre d'autoriser les demandeurs d'asile à travailler, "régulariser les travailleurs, étudiants, parents d'enfants scolarisés", "instituer la carte de séjour de dix ans comme titre de séjour de référence" et enfin créer "un statut de déplacé climatique".

La réforme des retraites 

RN : un régime de retraite "progressif"

Selon son programme, le RN veut "abroger la réforme" Macron et "mettre en place un système de retraites progressif, qui incite les jeunes à entrer de manière précoce sur le marché du travail et prend en compte la pénibilité réelle des emplois faiblement qualifiés". Le RN n'a pas détaillé comment fonctionnerait la "progressivité" (plus on travaille tard, plus on travaille longtemps) qu'il veut mettre en place, indiquant que celle-ci elle dépendrait notamment de l'état des finances publiques.

Mais selon les indications fournies par Jordan Bardella dans ses différentes prises de parole, le système envisagé prévoirait un âge légal de départ en retraite allant jusqu'à 62 ans, et une durée de cotisations allant jusqu'à de 42 ans. Une personne commençant à travailler à 24 ans partirait à 66 ans, a-t-il confirmé lors du débat avec Manuel Bompard et Gabriel Attal. Pour rappel, dans le système mis en place par la réforme Macron, l'âge légal est en train de passer à 64 ans, et la durée de cotisation est en train de passer à 43 ans. Une personne commençant à travailler à 24 ans partira donc à terme à 67 ans.

Jordan Bardella a aussi indiqué, sans le faire figurer dans le programme officiel du Rassemblement national, qu'il voulait mettre en place très rapidement un système permettant aux personnes ayant commencé à travailler avant 20 ans de s'arrêter à partir de 60 ans, avec une durée de cotisations minimale de 40 ans.

NFP : la retraite à 60 ans comme "objectif"

Le Nouveau Front populaire prévoit "d'abroger immédiatement", c'est-à-dire dès l'été, "les décrets d'application de la réforme d'Emmanuel Macron passant l'âge de départ à la retraite à 64 ans". L'âge légal reviendrait donc très rapidement à son niveau d'avant la réforme Macron, soit 62 ans. En cas d'arrivée au pouvoir, hypothèse plus fragile depuis le 1er tour, le Nouveau Front populaire veut également "augmenter le minimum contributif (montant minimum de retraite de base) au niveau du Smic, et le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté".

Dans un troisième temps, il veut également "rétablir les facteurs de pénibilité supprimés par Emmanuel Macron", "prendre en compte le RSA pour valider des trimestres en vue de la retraite" et "indexer le montant des retraites sur les salaires". Le Front Populaire par ailleurs "réaffirme l'objectif du droit à la retraite à 60 ans".

Le camp macroniste maintient le cap

Les macronistes ne toucheront pas à la réforme des retraites adoptée en 2023. Mais la coalition constituée autour d'Emmanuel Macron s'engage à "revaloriser les retraites pour suivre l'inflation et protéger le pouvoir d'achat des 17 millions de retraités qui ont travaillé toute leur vie et méritent un revenu décent". Elle s'engage également à enfin mettre en œuvre la réforme des retraites des exploitants agricoles (instauration du calcul sur la base 25 meilleures années, comme pour les salariés).

Santé : lutter contre les déserts médicaux, les pénuries ou renforcer l'hôpital

Déserts médicaux

Le camp présidentiel veut faire passer à 16.000 le nombre d'étudiants en médecine (2e année) en 2027, contre presque 11.000 aujourd'hui. Les macronistes souhaitent poursuivre le mouvement de délégations d'actes médicaux à d'autres professions (vaccination par les pharmaciens, adaptation de la prescription de lunettes par des opticiens...) pour atteindre une vingtaine d'actes délégués.

Le Nouveau Front populaire défend pour sa part une volonté de "réguler l'installation dans les déserts médicaux et rétablir des permanences des soignants libéraux (NDLR gardes) dans les centres de santé". Il souhaite aussi "conditionner l'ouverture des cliniques privées à la participation à la permanence de soins et à la garantie d'un reste à charge zéro" pour le patient.

Le Rassemblement national, arrivé largement en tête du 1er tour et le mieux placé pour concrétiser ses projets, veut un "allègement des dispositifs de cumul emploi-retraite pour les médecins et les infirmiers", pour inciter ceux-ci à continuer à travailler. Il veut aussi supprimer l'impôt sur le revenu tiré de leurs activités. Le Rassemblement national prévoit aussi d'augmenter le nombre d'étudiants en médecine et "renforcer le soutien aux proches-aidants"

Hôpital

Le Nouveau Front populaire prévoit d'engager "un plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et du médico-social", et de "lancer le rattrapage des postes manquants" à l'hôpital public. Le RN veut réduire le poids des services administratifs dans les hôpitaux ( à moins de 10% des effectifs) et supprimer les Agences régionales de Santé. Le camp présidentiel, de son côté, a inclus dans son programme des cent premiers jours le "déploiement d'un service d'accès aux soins dans 100 % des départements".

Protection sociale

Le camp macroniste propose de créer une offre de mutuelle publique à 1 euro par jour, sous la forme d'un élargissement de la complémentaire santé solidaire assurée par l'Assurance maladie. Il propose également le remboursement intégral des fauteuils roulants, électriques et manuels, pour les personnes en situation de handicap moteur - une mesure déjà annoncée par l'exécutif, et en cours de concrétisation.

Dans le cadre d'une "grande loi santé", le Front populaire a pour sa part inscrit dans ses engagements un "plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et du médico-social (médecins, infirmiers, aides-soignants, personnels administratifs) et de revalorisation des métiers et des salaires".

Médicament 

Le Nouveau Front Populaire demandera à la diplomatie française "défendre la levée des brevets sur les vaccins et les moyens médicaux de lutte contre les pandémies". Face aux pénuries de médicament, l'union de la gauche veut créer un "pôle public du médicament, avec un renforcement des obligations de stocks". Le Rassemblement national veut un "plan d'autonomie stratégique" sur les médicaments et "mettre en place, à l'horizon 2026, la vente de médicaments à l'unité pour lutter contre les pénuries et le gaspillage".

Éducation, des programmes allant de la gratuité aux centres spécialisés

Centres spécialisés pour élèves perturbateurs, "gratuité intégrale" à l'école ou achats groupés de fournitures: voici les principales propositions pour l'éducation du Rassemblement national, du Nouveau Front populaire et du camp présidentiel dans leurs programmes pour les législatives.

Autorité et centres spécialisés

Le camp présidentiel a promis un "sursaut d'autorité". Le RN, qui a proposé "un big bang de l'autorité", va plus loin. Il préconise d'envoyer les élèves perturbateurs, après deux exclusions de leur établissement, dans des centres spécialisés jusqu'à leurs 16 ans. Le RN veut aussi la poursuite des "expérimentations du port de l'uniforme", lancées par le camp présidentiel. Il demande l'interdiction des téléphones portables dans tous les établissements, en l'élargissant aux lycées.

Sur la laïcité, le Premier ministre Gabriel Attal a promis de continuer à faire preuve d'"intransigeance". Le Rassemblement national souhaite "insister sur la laïcité, notamment dans l'éducation prioritaire", a indiqué aux Echos Roger Chudeau, référent du RN pour l'éducation.

Fondamentaux et "choc des savoirs"

Le RN propose de "recentrer les enseignements sur les savoirs fondamentaux (sciences, français, histoire)". Selon Roger Chudeau, une carte de France et une frise chronologique retraçant "le récit national, de Clovis ou de Vercingétorix à nos jours" seraient obligatoires dans les classes. Le camp présidentiel veut, lui, continuer à mettre l'accent sur les fondamentaux, qu'il a plutôt définis comme "lire, écrire, compter et respecter autrui".

Concernant le "choc des savoirs", ensemble de mesures du gouvernement, parmi lesquelles les groupes de niveau au collège, le RN veut "l'abolir en tant que politique publique et arrêter de caporaliser les enseignants", indique Roger Chudeau. Il veut laisser les établissements gérer les groupes de niveau. Le Nouveau Front populaire veut de son côté "abroger" le "choc des savoirs" et supprimer les groupes de niveau, dans lesquels il voit du "tri social".

Collège modulaire et Parcoursup

Le chef de file du RN Jordan Bardella veut remplacer le collège unique "par un collège modulaire" et a affiché sa volonté d'orienter "plus tôt, plus vite les élèves vers des filières professionnelles". Il défend aussi un examen d'entrée en 6e dès le CM2. Au lycée, le RN veut "la fin du bac Blanquer", "le rétablissement des séries" et le retour à "une vraie classe" en 2025, à la place des groupes de spécialités, selon Roger Chudeau. La gauche, elle, veut "abolir Parcoursup" pour "démocratiser l'université".

Gratuité et achats groupés

Parmi ses mesures phares, le Nouveau Front populaire veut "faire les premiers pas pour la gratuité intégrale à l'école", de la cantine aux transports scolaires en passant par les fournitures et les activités périscolaires. La coalition présidentielle propose de son côté des "achats groupés de fournitures scolaires" pour en baisser le prix jusqu'à 15%. Les supermarchés pourront ainsi proposer des "packs" de fournitures.

Moyens et mixité sociale

Le RN souhaite supprimer les réseaux REP pour garder le seul label REP+ (éducation prioritaire renforcée). Il veut "revaloriser le métier d'enseignant" pour les premières années de carrière. La gauche propose, elle, de "réduire les effectifs par classe pour faire mieux que la moyenne européenne de 19 élèves". Elle met l'accent sur la mixité et veut "moduler les dotations des établissements scolaires - y compris privés - en fonction de leur respect d'objectifs de mixité sociale". 

Elle préconise aussi d'"investir dans l'Éducation nationale à hauteur des besoins" à travers des revalorisations salariales, des moyens pour la médecine scolaire, la vie scolaire ou l'accompagnement des élèves en situation de handicap.

Droits des femmes : lutter contre les violences, un congé menstruel ou de naissance...

Lutte contre les violences

Mesure phare de son volet consacré aux droits des femmes, le NFP prévoit une "loi intégrale" pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Réclamée de longue date par les associations féministes, cette loi portera le budget alloué à cette question à 2,6 milliards d'euros. Le camp présidentiel Ensemble promet de renforcer le volet prévention en poursuivant le développement des "téléphones grave danger", un dispositif de protection de victimes de violences conjugales. Il souhaite également "aider" les collectivités locales à "généraliser" la mise en place d'arrêts de bus à la demande en soirée.

Au RN, l'accent est mis sur le volet sanction, avec la promesse de "durcir considérablement l'échelle des peines" et de "régler la promesse de l'immigration pour mieux protéger les femmes dans l'espace public". Le parti d'extrême droite entend également faire figurer au fichier des délinquants sexuels les harceleurs de rue.

Egalité salariale

Le NFP promet d'"instaurer l'égalité salariale", une mesure déjà présente dans la loi mais qui reste à ce stade toujours peu appliquée dans les entreprises.

Santé

Le camp présidentiel promet de développer les consultations de prévention de la ménopause, de l'infertilité et la prise en charge de l'endométriose. La question de l'endométriose est également reprise dans le programme du RN qui souhaite qu'elle soit reconnue comme une affection de longue durée (Ald). Le parti entend également lutter contre les déserts médicaux, en particulier gynécologiques. Le NFP prévoit une prise en charge par la sécurité sociale des protections menstruelles et promet des sanctions "pour les fabricants qui ne respectent pas le contrôle sanitaire et la régulation des prix".

Parentalité

Ensemble promet d'ouvrir dès 2025 le droit à un congé de naissance "mieux indemnisé". Annoncé mi-janvier par le chef de l'Etat, ce congé doit remplacer le congé parental actuel, créé en 1977, et prendre la forme d'un arrêt de trois mois pour chaque parent durant la première année de l'enfant, à hauteur de 50% du salaire jusqu'à 1.900 euros. Côté RN, l'accent est mis sur un soutien "aux familles françaises", avec une "part fiscale complète dès le deuxième enfant" et la création "d'un prêt public à taux zéro transformé en subvention pour les couples qui ont un 3e enfant".

Le NFP promet d'établir "la filiation par reconnaissance comme principe par défaut" et prévoit le remboursement de la procréation médicalement assistée (PMA).

Congé menstruel

Le NFP prévoit la création d'un congé menstruel dans les entreprises et les administrations.