Elles s'annoncent ardues mais n'en sont pas moins historiques : la France insoumise a démarré mercredi des tractations avec le Parti socialiste, contrastant avec les tensions stratégiques et de fond qui continuent de perturber les discussions entre insoumis et écologistes. En arrivant mercredi matin devant le siège de LFI, le porte-parole du PS Pierre Jouvet a décrit "l'état d'esprit de responsabilité" qui préside à cette rencontre, après des années de guerre entre les deux formations, une "ouverture d'esprit pour arriver à se rassembler".
"Il faut que ça aille vite"
"Ce sont des réunions qui supposent beaucoup de travail, beaucoup d'heures. Il faut que ça aille vite", a déclaré pour sa part le coordinateur de LFI Adrien Quatennens, en référence à la date butoir de la fin de semaine, évoquée par tous les protagonistes. Selon lui, "les discussions ont commencé il y a quelque temps, on se dit que si on veut gouverner ensemble, ce n'est pas vrai qu'on peut se contenter de 10-15 points de programme pour faire campagne".
Envisager un accord avec le parti de Jean-Luc Mélenchon, arrivé en tête de la gauche au premier tour de la présidentielle (22% des voix), est un tournant majeur pour les socialistes. Sous la contrainte car avec 1,7% des voix à la présidentielle, le PS est menacé de disparition.
Des tensions au sein du camp socialiste
De leur côté, les Insoumis ont entamé des discussions bilatérales avec chacune des forces de gauche, forts du bon score de Jean-Luc Mélenchon au premier tour. Ils ont fait attendre le PS, demandant des gages sur le fond d'autant plus probants que la fracture s'était aggravée ces derniers mois. Depuis le vote par son Conseil national, il y a huit jours, d'une volonté de discuter avec LFI pour les législatives des 12 et 19 juin, le PS est en proie à des tensions. Mardi soir, le Premier secrétaire Olivier Faure, critiqué lors d'un bureau national par le courant minoritaire du parti, a invité ceux qui pensent "qu'il n'y a plus rien à faire" à partir.
Selon un membre du courant minoritaire, Olivier Faure "s'est énervé contre les questions de la minorité sur un éventuel accord" avec LFI, "comme un gamin pas content que sa position soit contestée". "Il lui a été demandé sa stratégie de négociation, ses lignes rouges, ses objectifs électoraux. Des questions basiques d'une direction politique", poursuit cette source. Parmi ceux qui s'opposent à ce rapprochement, la cheffe de ce courant Hélène Geoffroy, le maire du Mans Stéphane Le Foll ou encore l'ancien premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis.
Négociations difficiles entre LFI et EELV
Ce sont d'autres types de tension qui ralentissent les discussions entre LFI et EELV depuis le début de semaine. Le chef des Verts Julien Bayou souligne : "La tâche n'est pas aisée : nous cherchons à faire en quelques semaines ce que nous n'avons pas pu ou pas voulu construire en cinq ans. Forcément, ça coince un peu".
En cause, la nature du partenariat : Union populaire dans la continuité de la campagne de Jean-Luc Mélenchon, ou "coalition" demandée par les écologistes ? La députée LFI Clémentine Autain a parlé de "fédération" pour les rassurer. La relation à l'Europe est aussi une pomme de discorde. LFI a estimé par communiqué que les divergences entre les deux formations "sont liées aux divisions et divergences au sein même" d'EELV, faisant référence au refus de Yannick Jadot de se ranger "derrière Jean-Luc Mélenchon" pour un accord qu'il souhaite tout de même.
Les communistes proposent un accord programmatique
Mais le membre de l'aile gauche Alain Coulombel, qui a été souvent critique de l'attitude de la direction, a rapporté à l'AFP que le parti était uni pour juger que "les conditions actuelles ne sont pas satisfaisantes". Par exemple, "la lecture des circonscriptions gagnables n'est pas la même", observe Alain Coulombel, qui critique la proposition insoumise de circonscriptions "situées à la périphérie des villes" détenues par EELV.
Côté communiste, on propose un accord programmatique sur "plusieurs dizaines de propositions concrètes", explique un cadre à l'AFP. En outre, plutôt que la méthode actuelle de la discussion, où les circonscriptions sont réparties en fonction de leur "gagnabilité" par "paquets de 40 à 60", les communistes veulent regarder "circonscription par circonscription", et ne "pas faire de la politique avec la calculette".