Les négociations sont ardues. Fort de son score de presque 22% au premier tour de l'élection présidentielle, La France insoumise (LFI) a entamé les discussions avec les partis de gauche - communiste, écologiste, le Parti socialiste et Nouveau Parti anticapitaliste - en vue de créer une union pour les législatives. L'objectif ? Obtenir la fonction de Premier ministre pour Jean-Luc Mélenchon et tenter de créer un gouvernement de cohabitation avec Emmanuel Macron en obtenant le plus de députés possible à l'Assemblée nationale. Néanmoins, les discussions s'avèrent difficiles avec le Parti socialiste (PS) et Europe Écologie-Les Verts (EELV) en désaccord avec certains points programmatiques de La France insoumise.
Des négociations compliquées entre EELV et LFI
Du côté d'Europe Écologie-Les Verts, les cadres du parti doutent de la sincérité des intentions de La France insoumise. "On se demande s'il y a une sincérité dans la volonté d'aller chercher cette majorité alternative. C'est cela l'enjeu. Veulent-ils se donner les moyens de gagner ? Est-ce qu'ils souhaitent vraiment que Jean-Luc Mélenchon soit le Premier ministre ?", déclare Julien Bayou, secrétaire national d'EELV.
Selon un cadre d'EELV, les demandes de La France insoumise sont inacceptables et aucun effort n'est effectué afin de faciliter l'union, tant sur le programme que sur la répartition des sièges. "Ils abusent de leur position pour imposer leur hégémonie à gauche", accuse un autre. Pour un membre important de La France insoumise, les propositions de LFI ne sont pas acceptées par EELV à cause de problèmes internes. L'ambiance n'est pas un beau fixe entre les deux partis. "Avec des méthodes pareilles, tout risque de capoter", prédit un Insoumis. De chaque côté, l'espoir d'aboutir à une alliance pour les législatives semble bel et bien s'éloigner.
"Cela veut dire la disparition du Parti socialiste"
Les tractations entre La France insoumise et le Parti socialiste s'avèrent tout aussi compliquées. Si la première séance de discussions entre les Insoumis et le PS a été qualifiée de "constructive", la perspective d'une coalition divise le Parti socialiste en deux. Les jeunes cadres du PS y sont favorables, mais pas les anciens. Jean-Christophe Cambadélis, ancien premier secrétaire du parti, estime qu'une alliance avec Jean-Luc Mélenchon est inenvisageable.
"Partager avec Jean-Luc Mélenchon l'idée qu'il faut sortir des traités, défendre sa position sur la retraite à 60 ans qui nous coûtera 47 milliards... Il existe des dizaines de points comme cela. On ne peut pas dire que c'est le Parti socialiste", annonce-t-il au micro d'Europe 1.
À ses yeux, ce potentiel accord signerait la mort du PS : "Une intégration à l'Union populaire, c'est-à-dire que Mélenchon soit le Premier ministre, qu'on ait un groupe en commun, cela veut dire une disparition du Parti socialiste comme il a pu exister." Un cadre historique du parti estime que le PS ne s'est jamais aligné sur la gauche radicale et qu'une union pourrait constituer un tournant dans l'histoire. Un seul ténor s'est manifesté en faveur de cet accord avec les Insoumis : l'ancien Premier ministre Lionel Jospin.