L'année 2018 ne s'annonce pas de tout repos pour Marine Le Pen. La présidente du Front national (FN), qui s'apprête à faire sa rentrée dimanche, à Alençon, nouvelle étape de sa tournée des fédérations, doit en effet piloter la refondation du parti, promise après la présidentielle. Mais trois mois avant le Congrès prévu à Lille, la tâche paraît plus compliqué que prévu.
Des militants conservateurs. Le parti a fait remonter les premiers résultats issus des questionnaires distribués à tous les adhérents frontistes. Et ces derniers se révèlent bien plus conservateurs que l'ex-candidate à la présidentielle l'imaginait sûrement. Une grande majorité d'entre eux s'oppose en effet au changement du nom du Front national ainsi qu'au changement de logo. Pas question pour eux que la flamme tricolore disparaisse des affiches. Marine Le Pen est donc désormais coincée entre la volonté de refonder intégralement sa formation politique et l'obligation de respecter sa base militante. "Ce questionnaire, c'était une fausse bonne idée", souffle un cadre du parti.
Boîte de Pandore. Au siège, on craint d'autres surprises dans le dépouillement. Et si Marion Maréchal-Le Pen, ancienne députée qui a décidé de se mettre en retrait de la vie politique après la défaite à la présidentielle, était citée comme LA personnalité préférée des adhérents ? Et s'ils refusaient l’abandon de la peine de mort ? Et si les 35 heures ou la retraite à 60 ans étaient aussi remis en cause ? En posant quelque 80 questions précises, Marine Le Pen a ouvert une boîte de Pandore. Pour la présidente du Front national, la refondation du parti se transforme en piège. Aujourd'hui, des militants se demandent même si les résultats seront publiés un jour, et si certains ne seront pas un peu trafiqués pour éviter un camouflet.
Remboursement. Sans compter que Marine Le Pen comptait aussi sur un déménagement du siège du FN pour relancer la machine. Faute de moyens, celui-ci n'est plus d'actualité. Un lot de consolation en ce début d'année difficile : la commission des comptes de campagne a validé ceux de la candidate frontiste pour la présidentielle. Ce qui lui donne droit à un remboursement d'un peu plus de 10,5 millions d'euros par l'État. Une bonne nouvelle pour un parti en grandes difficultés financières.