Une petite pièce sur le vainqueur de l'élection présidentielle ? Au Royaume-Uni comme en Australie, parier est un véritable sport national. Un paradis pour le bookmaking, où la course à la présidence française appâte les parieurs sur les plateformes dédiées. Emmanuel Macron (En Marche!), Marine Le Pen (FN) et François Fillon (LR) sont les chouchous des parieurs anglo-saxons.
Emmanuel Macron, favori des Anglo-Saxons. Sur les sites de paris en ligne, il existe tout un panel de mises possibles. On peut tabler sur le score des candidats au premier tour, le 23 avril prochain, ou sur le nom du futur président de la République. François Fillon a ainsi une cote de 5/1 sur la plateforme australienne Sportsbet. Ainsi, si vous misez 50 euros sur le candidat LR, vous remporterez 250 euros en cas de victoire, soit cinq fois la mise de départ. Le favori, chez le bookmaker australien, reste Emmanuel Macron avec une cote à 1,72/1 au 10 avril 2017. Le candidat d'En Marche! a exactement les mêmes chances de remporter l'élection présidentielle selon le bookmaker britannique Bet365. Jean-Luc Mélechon, dont les derniers sondages le placent en troisième position, permet aux parieurs de remporter treize fois leur mise en cas de victoire du candidat de la France insoumise. Plus surprenant, Benoît Hamon (PS) a autant de chance de remporter la présidence française que le candidat du Frexit, François Asselineau, avec une cote de 201/1. Ils devancent Nicolas Dupont-Aignan, à 401/1. Et tout derrière, à 1001/1, Nathalie Arthaud, Jacques Cheminade, Philippe Poutou et Jean Lassalle se partagent la dernière place.
250.000 livres de mises, un record. Mais les principaux intéressés par l'élection présidentielle, les Français, ne sont pas invités à parier. Pis, ils sont carrément exclus des plateformes en ligne. Des messages d'erreur ou une interdiction à cause du pays d'origine viennent rappeler aux parieurs français qu'ils ne sont pas les bienvenus. En effet, depuis la loi du 2 juin 1891, le bookmaking est interdit en France. Le monopole des paris mutuels appartient au PMU depuis 1931, mais les paris en ligne ont été débloqués, en partie, depuis 2010. William Hill, "le meilleur bookmaker francophone", peut-on lire sur son site, permet aux joueurs de parier sur le prochain pays à quitter l’UE, l’indépendance ou non de l’Ecosse, le prochain vainqueur des élections américaines en 2020, mais pas sur le prochain locataire de l'Elysée. "Nous avons pris beaucoup de paris sur l’élection présidentielle de la part des Français qui vivent et travaillent au Royaume-Uni", indique Graham Sharpe, qui travaille au sein de William Hill. Et ajoute : "Jusqu’à présent, nous avons engendré 250.000 livres (près de 293.000 euros) de mises pour désigner le vainqueur de l’élection présidentielle, un record sur une élection européenne".
"Un institut de sondage dans la logique du pari". Le business model à l'anglo-saxonne est donc interdit en France. Hypermind, un marché prédictif en ligne français, a décidé de contourner le problème. Émile Servan-Schreiber, son fondateur, définit son entreprise comme un "institut de sondage mais dans la logique du pari, pas dans la préférence". Ici, il paye les parieurs en échange de leurs prévisions. Ils trient d'ailleurs les candidats : "on cherche des personnes qui vont apporter la contradiction avant de se faire une opinion", précise-t-il. Une fois sélectionné, on confie aux joueurs de l'argent virtuel pour qu'ils puissent parier. Ils placent ensuite leur argent virtuel sur un des paris proposés. "Si vous perdez tout, vous disparaissez, remplacé par un nouveau parieur". Grâce au sponsoring des cabinets d'opinion, en quête de ce genre d'expertise, les analystes politiques en herbe remportent de l'argent réel. Dans le cadre de l'élection française, 2.000 euros sont à gagner. Outre la présidentielle de 2017, les joueurs peuvent parier sur "à quand la première poignée de main entre Donald Trump et Vladimir Poutine ?" ou "des hackers russes peuvent-ils interférer dans l'élection présidentielle ?".