Utilisation des comptes officiels Twitter et Facebook de l'Élysée, promotion sur une chaîne d'information en continu, flocage et déflocage de bus… La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques a scruté les dépenses des douze candidats à la présidentielle de 2022. Ils ont tous été approuvés, même si la Commission a exclu certaines dépenses des comptes.
La seule candidate dont les comptes n'ont pas été publiés est Marine Le Pen. L'ancienne présidente du Rassemblement national conteste l'invalidation de plus de 300.000 euros de ses frais de campagne devant le Conseil constitutionnel.
Atteindre les 5% pour prétendre à un remboursement
Seuls les candidats qui ont atteint le seuil des 5% peuvent prétendre à un remboursement de leurs frais de campagne pouvant atteindre huit millions d'euros. Parmi les candidats les plus dépensiers, Emmanuel Macron et Valérie Pécresse arrivent en tête avec respectivement, 16,69 millions d’euros déclarés et 14,32 millions d’euros. Mais la candidate du parti Les Républicains ayant obtenu 4,78% des voix à l'élection présidentielle ne pourra bénéficier que de 800.423 euros de remboursement. Elle s'était d'ailleurs dite "endettée personnellement à hauteur de cinq millions d'euros". Seuls quatre candidats sur douze ont dépassé la barre des 5% à la présidentielle de 2022.
Emmanuel Macron
Emmanuel Macron voit amputer de 100.000 euros le remboursement de ses frais de campagne. Motif : la publication de sa candidature à la présidentielle sur les comptes officiels Twitter et Facebook de l'Élysée, respectivement suivis par 7,9 millions et 4,3 millions d'abonnés. Un "avantage indirect" et "prohibé" selon la CNCCFP.
La CNCCFP a également décidé d'exclure plusieurs frais, notamment quelques 30.000 euros versés à une photographe, une prime qui doit être payée par le parti présidentiel, d'après la Commission. Du côté de l'équipe de campagne du candidat, on souligne que les montants épinglés ne concernent que 1% des frais engagés.
La Commission n'a pas non plus établi de "mélange de genre" entre les activités du président et du candidat, se félicite le parti Renaissance. Elle n'a pas relevé d'irrégularités avec les cabinets de conseil l'an dernier.
Éric Zemmour
Le candidat d'extrême droite Éric Zemmour a reçu la sanction la plus importante, à savoir 200.000 euros. L'autorité indépendante a estimé que l'ancien journaliste a bénéficié d'une "promotion de sa personnalité" grâce à l'émission Face à l'info diffusée sur CNews dans laquelle il intervenait depuis 2019. La Commission lui a aussi reproché de ne pas avoir versé des droits d'auteur, estimés à 16.000 euros, quand il avait utilisé, sans autorisation, des images dans sa vidéo de candidature.
Marine Le Pen
C'est la seule candidate dont les comptes, bien qu'approuvés, n'ont pas été publiés au Journal officiel. La CNCCFP attend la décision du Conseil constitutionnel, saisi par le Rassemblement national qui conteste l'invalidation de plus de 300.000 euros de ses frais de campagne. La Commission a retoqué, en effet, les dépenses de "flocage et déflocage" de douze cars loués dans le cadre de la campagne.
Jean-Luc Mélenchon
La CNCCFP a décidé de diminuer de 12.178 euros les "frais de transport de la campagne officielle en Outre-mer". Elle a aussi amputé de 15.000 euros le remboursement de ses frais de campagne, estimant que "le grand nombre" d'autocollants imprimés à l'occasion, 1,2 million, n'était pas justifié.
Valérie Pécresse
La Commission a infligé une sanction de 15.000 euros à la candidate LR, qui n'a pas atteint le seuil des 5% des suffrages exprimés et qui a fait un appel aux dons pour rembourser ses frais de campagne. L'organisme a notamment constaté que "onze dépenses de location de salles (…) n'ont pas été intégrées au compte de campagne".
La CNCCFP s'est également attardée sur le rôle des cabinets de conseil, son directeur de campagne ayant été consultant pour l'un d'eux. "La Commission constate qu'en l'état, elle ne dispose d'aucun élément de nature à remettre en cause le contenu et la portée" des déclarations de la candidate et du directeur de campagne".
Les autres candidats
Parmi les autres candidats, quatre d'entre eux n'ont pas subi de sanction financière. Il s'agit de l'iconoclaste Jean Lassalle, de Fabien Roussel (PCF), Anne Hidalgo (PS) et Nathalie Arthaud (LO).