"Une nouvelle méthode" pour "lever beaucoup de malentendus" : Emmanuel Macron s'est livré à un exercice inédit depuis le début de son quinquennat, jeudi. Pendant près de deux heures et demi, le chef de l'État a répondu aux questions des journalistes réunis à l'Élysée, en guise de clôture du "grand débat". Sur la forme, le président a dit regretter d'avoir donné "le sentiment" d'être "dur" et "parfois injuste". Sur le fond, il a livré une liste d'annonces touchant principalement à la fiscalité et aux retraites. En voici les principales.
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Une baisse "significative" de l'impôt sur le revenu
Emmanuel Macron a clamé son intention de réduire "significativement" l'impôt sur le revenu, à hauteur de 5 milliards d'euros. "Il me semble que la meilleure orientation pour répondre aux besoins de justice fiscale n'est pas d'augmenter les impôts de tel ou tel, mais plutôt de baisser les impôts pour un maximum de nos concitoyens, en particulier pour celles et ceux qui travaillent", a-t-il affirmé, en se référant spécifiquement aux classes moyennes.
Le chef de l'État a également défendu la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) dès le début de son quinquennat, une mesure souvent critiquée lors du grand débat et lors des manifestations des "gilets jaunes".
"Travailler davantage" par l'allongement de la durée de cotisation
Afin de financer la baisse d'impôt, Emmanuel Macron a confirmé vouloir supprimer "certaines niches fiscales pour les entreprises", tout en affirmant "la nécessité de travailler davantage" et "des réductions de notre dépense publique", a-t-il ajouté. Le président de la République a précisé qu'il n'envisageait pas de supprimer un jour férié supplémentaire pour financer cette baisse d'impôts. Il a aussi ajouté qu'il ne comptait pas revenir sur l'âge légal de départ à la retraite, privilégiant la piste menant à l'allongement de la durée de cotisation.
Une réindexation des retraites
Le président de la République a annoncé que les retraites "de moins de 2.000 euros" seront réindexées sur l'inflation en 2020, mesure attendue, mais aussi qu'aucune pension n'augmentera moins vite que les prix à partir de 2021. Emmanuel Macron a par ailleurs souhaité que "la retraite minimale" pour une carrière complète soit portée à 1.000 euros, un montant selon lui "significativement supérieur" au minimum vieillesse qu'il a promis de relever à 900 euros l'an prochain.
Pas de "RIC" mais un "RIP" assoupli
Emmanuel Macron a plaidé pour faciliter la mise en oeuvre d'un référendum à l'initiative du peuple, en proposant d'abaisser à 1 million le nombre de signatures nécessaires pour saisir le Parlement. Cette mesure figurerait dans la réforme constitutionnelle que le chef de l'État veut voir revenir au Parlement "à l'été". Mais il a aussi écarté le "référendum d'initiative citoyenne" voulu par des "gilets jaunes".
Dans le cadre de la réforme des institutions, Emmanuel Macron s'est dit aussi favorable à l'introduction d'une dose de 20% de proportionnelle à l'Assemblée. Il a également souhaité "accroître" cette dose au Sénat. Quant à la réduction du nombre de parlementaires, Emmanuel Macron s'est dit prêt à abaisser à 25% son engagement de 30%.
Un "nouvel acte de décentralisation" d'ici un an
Le président a annoncé "un nouvel acte de décentralisation" dans les territoires, qui devra aboutir "au premier trimestre 2020". Cette nouvelle décentralisation doit être "adaptée à chaque territoire" et porter "sur la politique de la vie quotidienne" comme "le logement, le transport, la transition écologique pour garantir des décisions prises au plus près du terrain", a-t-il ajouté.
Une réorganisation de l'administration
Confirmant son intention de "supprimer l'ENA", Emmanuel Macron a annoncé qu'il souhaitait mettre fin aux systèmes des "grands corps" de la haute fonction publique, dont les membres sont actuellement selon lui "garantis d'une protection à vie". Dans le même temps, Édouard Philippe présentera en mai "une profonde réforme de l'administration" destinée à déployer "plus de fonctionnaires sur le terrain", tout en supprimant des postes "en administration centrale".
Déplorant qu'il n'y ait "plus assez de monde sur le terrain" pour "apporter des solutions", le chef de l'État a notamment annoncé la création dans "chaque canton", d'ici à "la fin du quinquennat", d'un "endroit où l'on puisse trouver une solution aux problèmes", baptisé "France services". Dans ce cadre, le président s'est dit prêt à "abandonner" l'objectif de 120.000 suppressions de postes de fonctionnaires qu'il avait fixé "si ce n'est pas tenable", demandant au gouvernement de lui "donner son analyse d'ici l'été".
Pas de fermeture d'hôpitaux ni d'écoles
Emmanuel Macron a souhaité "ne plus avoir d'ici à la fin du quinquennat de nouvelles fermetures, ni d'hôpitaux, ni d'écoles sans l'accord du maire". "Ça ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de réorganisations, elles sont parfois indispensables. Ça veut dire qu'il n'y aura plus de disparitions, comme on l'a trop vécu", a-t-il souligné.
24 élèves par classe maximum
Emmanuel Macron a confirmé son souhait que les classes de grande section de maternelle, de CP et de CE1 ne "dépassent jamais 24 élèves" par classe, défendant un "investissement dans nos enfants dans lequel (il) croit profondément". Le chef de l'État veut aussi "étendre le dédoublement des classes (de CP et CE1), qui fonctionne, et a déjà de très bons résultats dans les quartiers défavorisés, (...) à la grande section de maternelle".
Un geste pour les mères seules et les aidants
Emmanuel Macron a souhaité que les caisses d'allocations familiales (CAF) aient la "prérogative pour prélever les pensions alimentaires familiales" et ainsi aider les familles monoparentales. "Ces fameuses familles monoparentales sont souvent ces mères vivant seules", a souligné le président de la République, estimant qu'"on ne peut pas faire reposer sur des mères l'incivisme de leurs anciens conjoints".
Le chef de l'État a également évoqué le cas des aidants familiaux. "Nous devons les reconnaître, les nommer, mais aussi dans nos politiques publiques leur bâtir une place pendant la réforme des retraites et leur construire des droits", a-t-il poursuivi.
Un "conseil de défense écologique"
Emmanuel Macron a souhaité la mise en place d'un "conseil de défense écologique" qui réunira les ministres dédiés pour faire les "choix stratégiques" imposés par "l'urgence climatique".