Plusieurs responsables de LR ont haussé le ton mercredi contre Éric Zemmour, promettant une "digue" contre le "candidat" ou "l'allié" de l'extrême droite, Damien Abad proposant même de le démontrer dans un débat avec le polémiste. "J'entends ici ou là qu'Éric Zemmour aurait des convictions en partage avec la droite républicaine. Je l'invite à s'y confronter en débattant ensemble", a proposé le président des députés LR dans un courrier, au lendemain de la publication d'un sondage Harris Interactive accordant 13 à 14% d'intentions de vote à l'essayiste qui n'est pas encore candidat.
Les Républicains, "une digue" ?
"Si Éric Zemmour se rêve en tsunami populiste, Les Républicains seront une digue infranchissable. La France n'a rien à voir avec le pétainisme ou l'extrême droite", a souligné Damien Abad, pour qui "les Français ont droit à un débat éclairé pour comprendre ce qui différencie la droite républicaine d'Éric Zemmour".
Cette proposition, après le débat très suivi qui a opposé Éric Zemmour et le chef des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, a suscité des réactions variées chez LR, le candidat à l'investiture de la droite Philippe Juvin estimant sur LCI qu'"il est normal de débattre, y compris et surtout avec des personnalités avec lesquelles on est pas d'accord". Le député souverainiste Julien Aubert a défendu une "excellente idée" car "en démocratie on doit être capable non pas de diaboliser mais de débattre sur le fond". "Nous pourrions faire semblant de l'éviter mais quoiqu'il arrive le débat aura lieu", a abondé la sénatrice Valérie Boyer.
Mais pour le trésorier de LR Daniel Fasquelle, proche de Michel Barnier, "nous n'avons pas à débattre avec Éric Zemmour, pas plus que nous avions à débattre avec Jean-Marie Le Pen" car il faut "clairement dresser une digue". "C'est grotesque et ridicule", assène de son côté un député LR sur Europe 1.
Autre candidat à l'investiture de la droite, Éric Ciotti a estimé dans Les Echos que de manière générale "la confrontation, l'ostracisation, est une erreur. Ça irrite une partie de notre électorat", et il vaut mieux "laisser passer la tempête" plutôt que "sortir en plein vent et prendre des arbres sur la tête".
Des "différences fondamentales" avec Zemmour
"Permettre à Éric Zemmour de débattre avec Damien Abad, qui est un président de groupe politique (…) c'est lui donner une forme de légitimité", a affirmé à la presse le sénateur PS Patrick Kanner en regrettant que cela puisse "faire de la pub" au polémiste.
Dans la matinée, le président LR du Sénat Gérard Larcher avait parlé sur France Inter de "différences fondamentales" avec Éric Zemmour dont il "ne partage rien des idées et, entre guillemets, des valeurs": que ce soit ses déclarations sur Pétain et les juifs, la "confusion entre l'Islam et l'islamisme" ou son "positionnement" sur les femmes en politique ("j'ai l'impression d'entendre Radio-Kaboul"). Selon lui, "Éric Zemmour est le candidat de l'extrême droite".
"Je n'accepte pas la stratégie d'Éric Zemmour" qui "accepte de s'allier avec l'extrême droite", a renchéri sur LCI Valérie Pécresse, autre candidate pour 2022, selon qui "on ne peut pas se dire gaulliste quand on veut faire une alliance avec des gens qui ont essayé d'assassiner le général de Gaulle". Depuis quelques jours, LR cherche la parade face au polémiste Éric Zemmour, qui se pose en seul héritier de la droite avec un discours radical sur l'immigration et la souveraineté qui pourrait séduire une partie de l'électorat.