Le gouvernement présente lundi le nouveau plan de lutte contre l'exploitation et la traite des êtres humains qu'il promet de muscler face, notamment, au risque d'une "amplification du phénomène" lors des Jeux olympiques de 2024. Cette stratégie - la troisième depuis 2014 - sera présentée au musée de l'Immigration, à Paris, en présence de la ministre de l'Égalité entre les femmes et les hommes Bérangère Couillard, la secrétaire d'Etat à l'Enfance Charlotte Caubel et la secrétaire générale de la Miprof, la mission interministérielle chargée de la lutte contre la traite des êtres humains, Roxana Maracineanu.
"À l'approche des Jeux de Paris, nous nous devons de renforcer notre dispositif de lutte contre la traite pour être prêt à identifier et combattre les criminels qui profitent de ce système", a prévenu Bérangère Couillard dans une tribune publiée en octobre. "Les actions de ce plan s'attaqueront évidemment au système prostitutionnel, mais également à l'exploitation par le travail qui représente la deuxième forme la plus identifiée d'exploitation par les forces de sécurité intérieure", a ajouté la ministre. "Il faut aussi lutter contre la mendicité forcée et l'incitation à commettre des délits qui sont des infractions qui touchent particulièrement les mineurs."
Le précédent plan n'a quasiment pas été appliqué, dénonce la CNCDH
En 2022, 4.363 victimes de la traite d'être humains ont été repérées en France et 2.994 ont été accompagnées par les associations. Parmi elles, 76% sont victimes d'exploitation sexuelle, dont 94% de femmes, selon le ministère de l'Intérieur. La nouvelle stratégie de lutte contre ce phénomène devait initialement être annoncée le 18 octobre, à l'occasion de la Journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains, avant d'être finalement reportée, suscitant un certain émoi au sein des associations.
La Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) a de son côté rappelé en octobre que le second plan national d'action (2019-2021) n'avait quasiment pas été mis en œuvre, avec seulement trois mesures appliquées sur les 44 contenues dans la stratégie. "L'absence de portage politique et de moyens humains dédiés à la Miprof ne permet aucunement une action politique à la hauteur" des enjeux, a déploré la CNCDH. Elle y voit "une défaillance majeure en matière de respect des conventions internationales ratifiées par la France et de défense des droits humains notamment en matière d'information et de protection des victimes."