Si Emmanuel Macron souhaitait briguer un troisième mandat, peut-il le faire dès la prochaine élection présidentielle, en 2027 ? La rumeur est relancée après la dissolution de l'Assemblée par le chef de l'État dimanche, et l'organisation d'élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet prochain. Selon ces spéculations, Emmanuel Macron pourrait démissionner après les élections et, son mandat n'étant pas terminé, il se représenterait pour briguer un troisième mandat lors de la prochaine présidentielle. Mais cela est-il possible ? Europe 1 fait le point.
Tout d'abord, il est important de rappeler que, depuis la réforme de la Constitution adoptée en 2008 sous Nicolas Sarkozy, le nombre de mandats présidentiels consécutifs est limité à deux. En septembre dernier, le président aurait d'ailleurs lâché une phrase polémique à ce propos, lors de sa rencontre à huis clos avec les chefs de partis d'opposition, déclarant que "ne pas pouvoir être réélu est une funeste connerie".
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Pour briguer un troisième mandat, le président pourrait toutefois enclencher une nouvelle réforme pour tenter de faire sauter cette limitation. Pour cela, théoriquement, Emmanuel Macron doit suivre l'article 89 de ladite Constitution et proposer un texte de révision aux députés et aux sénateurs. Si l'Assemblée nationale et le Sénat s'accordent sur la formulation de ce texte, celui-ci pourra être voté soit par référendum, soit par la majorité des 3/5e des suffrages exprimés des deux chambres du Parlement, alors réunies en Congrès.
Pas de majorité absolue au Parlement
Voilà pour la théorie. Mais en pratique, ce scénario semble extrêmement peu probable. Cela tient au fait que le président ne dispose pas d'une majorité absolue à l'Assemblée, et encore moins au Sénat. La première étape de la validation du projet est donc loin d'être une formalité. En outre, cette idée de casser la limitation de deux mandats consécutifs pourrait être mal perçue par les électeurs. Une telle réforme parait donc irréaliste à quatre ans de la prochaine élection présidentielle.
L'une des solutions pour le chef de l'État pourrait être de tenter un coup inédit : démissionner avant l'élection de 2027 pour lui donner le droit de se représenter. Un scénario qui divise les juristes, mais l'Élysée l'avait déjà balayé en 2020, et le chef de l'État avait lui-même affirmé, en avril 2023 lors d'un déplacement à Ganges dans l'Hérault, qu'il ne démissionnerait pas. La question de sa succession agite donc plus que jamais le camp de la majorité présidentielle.