"On se croit revenu sous le régime de Vichy !" Mercredi soir, quand l'Assemblée nationale a donné son feu vert à la possibilité pour les préfets de prononcer des interdictions de manifester, disposition clé de la proposition de loi "anti-casseurs", le sang de Charles de Courson n'a fait qu'un tour. Au micro de Patrick Cohen, dimanche sur Europe 1, le député centriste de la Marne a justifié sa phrase polémique prononcée dans l'hémicycle.
La mise en garde de @C_DeCourson contre la #LoiAntiCasseurs : "C'est la dérive complète ! On se croit revenu sous le régime de #Vichy ! Réveillez-vous ! C'est une pure folie de voter ce texte !". #Manifestation#GiletsJaunes#DirectANpic.twitter.com/lhhT0lpcdZ
— LCP (@LCP) 30 janvier 2019
"La dérive de ce texte". "J'ai essayé de réveiller les consciences. Vichy, c'est quoi ? On supprime le Parlement et on transfère une bonne partie des pouvoirs de la justice en matière de libertés publiques aux autorités administratives, c'est-à-dire aux préfets sous la direction du ministre de l'Intérieur. C'est la dérive de ce texte", tonne Charles de Courson. "Aujourd'hui, il est parfaitement possible d'interdire à un individu de manifester. Mais c'est une réquisition du procureur de la République. Ce qu'on nous propose ici, c'est que le préfet, sur des présomptions, pourrait vous interdire d'aller manifester", explique l'élu. "Ce qui est inacceptable, c'est la présomption de culpabilité", s'indigne-t-il.
Des mesures "liberticides". "La liberté de manifester est une liberté publique, fondamentale et garantie par la Constitution. J'ai dit au ministre : si vous insistez là-dessus, on ira jusqu'au Conseil constitutionnel", prévient-il. "Actuellement, les outils juridiques existent pour permettre de sanctionner les casseurs. Cette dérive consiste à dire : 'Je vais me priver de l'autorité judiciaire pour pouvoir prononcer ces sanctions. Or, ce n'est pas l'exécutif qui sanctionne, c'est le pouvoir judiciaire", défend-il.
Pour le député centriste, "quand les gouvernements sont en difficulté", "la dérive permanente est de faire croire qu'on va rétablir l'ordre par des mesures qui sont liberticides." Ainsi, Charles de Courson assure qu'il votera "bien sûr" contre la loi "anti-casseurs".
"Pas ce genre d'argument me concernant…". Quant à ceux qui lui reprochent, par cette phrase sur le régime de Vichy, de banaliser les crimes de Philippe Pétain, Charles de Courson rétorque, avec émotion : "Si vous connaissez le passé de ma famille, ce n'est pas à moi qu'il faut dire ça. Pas ce genre d'argument me concernant !" Le député du groupe Libertés et territoires, par ailleurs vice-président de la commission des finances, est le fils d'Aymard de Courson, résistant, et petit-fils de Léonel de Moustier, qui fut l'un des 80 parlementaires à avoir refusé les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en 1940.