Trois heures de réunion, mais pas de dialogue ! Les associations sont ressorties très déçues de leur entretien jeudi à Matignon avec Edouard Philippe et Gérard Collomb sur le futur projet de loi sur l'immigration, un texte qu'elles jugent trop répressif envers les demandeurs d'asile. Mais si elles n'ont pas obtenu d'aménagement de la part du Premier ministre, elles comptent bien poursuivre la bataille lors du vote du texte à l'Assemblée Nationale, probablement en avril.
"Le monde associatif a pris cher". "On nous reçoit, on nous consulte, mais on ne nous écoute pas", soupire à la sortie de Matignon Samuel Coppens, de l'Armée du Salut. "Je pense que l'on pourra éventuellement changer quelques virgules, c'est tout", ironise ce responsable associatif au micro d'Europe 1. "Les choses sont actées. Le monde associatif a pris cher".
Une brèche au sein de la majorité ? Malgré tout, le message est unanime : "la bataille n'est pas terminée". Le texte doit arriver dans l'hémicycle à la fin du mois de février et les dirigeants associatifs savent que la majorité est divisée sur le sujet. La députée En Marche! Sonia Krimi avait interpellé sans détour Gérard Collomb sur le sujet le 19 décembre. "Le traitement du séjour irrégulier en France est devenu une angoisse, les centres de rétention deviennent des centres de détention et sont indignes de notre République !", avait-elle lancé.
C'est donc cette faille que les opposants veulent exploiter, alors qu'ils doivent être auditionnés au Parlement. Un intense lobbying est en train de se déployer, comme le confirme Emmanuel Kühn, président d'Emmaüs France. "On a bien senti que ça a fait réfléchir un certain nombre de personnes, donc croyez bien que l'on va faire un gros travail sur les députés. Tous ne sont pas à l'aise sur cette question-là", pointe-t-il. Et le gouvernement prend la menace très au sérieux : le Premier ministre et son ministre de l'Intérieur ont multiplié ces derniers jours les réunions avec leurs députés.
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Matignon promet des mesures complémentaires. "Le dialogue va continuer" également avec les associatifs, assure Matignon. Et si l'exécutif n'a pas l'intention de bouger sur les grands axes de son projet, à savoir une reconduite plus efficace des migrants pour favoriser un meilleur accueil de ceux qui y ont droit, les associations vont pouvoir continuer à échanger avec les ministères concernés. Matignon promet que des mesures complémentaires en matière d'intégration pour les bénéficiaires du droit d'asile seront ajoutées au texte. Une manière de répondre, en partie, aux critiques, notamment de la gauche et des intellectuels, pendant que la droite et l'extrême droite reprochent au gouvernement son "laxisme". L'exécutif se retrouve pris entre deux feux : "On retombe dans les vieux travers", souffle un proche du Premier ministre. "C'est effroyable vous êtes trop durs, ou c'est effroyable vous êtes trop laxistes". Mais Matignon veut y voir la preuve que son projet est "équilibré".