Manuel Valls a regretté mercredi la "méthode" du président du Medef Pierre Gattaz dont "l'ultimatum" sur la loi Travail prend "en otage la négociation de l'assurance chômage".
Une prise d'otage. "Je regrette cette méthode qui consiste à poser des ultimatums. Prendre en otage la négociation de l'assurance chômage, c'est-à-dire sur le revenu de ceux qui ont perdu un emploi, c'est, je crois, ne pas être à la hauteur des responsabilités en tant que partenaire social", a déclaré le Premier ministre sur France Info. Le patron du Medef a menacé de se retirer de la négociation d'assurance chômage si "rien ne bouge rapidement" sur le projet de loi Travail.
Pas une manière de faire. "Ni ces négociations, ni la loi sur le travail (...) ne deviendront l'otage d'enjeux internes au patronat", a lancé en retour mercredi le Premier ministre. "Je veux rappeler que la nation, c'est-à-dire les Français, a consenti un effort de plus de 40 milliards d'euros qui était nécessaire pour faire baisser le coût du travail, la fiscalité sur les entreprises qui avait trop augmenté entre 2008 et 2012, entre 2012 et 2014. Cet effort a été fait, avec des résultats". "Je crois à la négociation, au dialogue, au rôle des partenaires sociaux, au paritarisme". "Quand on discute, quand on négocie, on ne pose pas des ultimatums", a souligné Manuel Valls qui appelle Pierre Gattaz à "respecter le Parlement qui s'est saisi de cette loi l'enrichit, l'amende, est à l'écoute par ailleurs des partenaires sociaux".
Une loi toujours favorable au patronat. Ce projet de loi sur le travail, qui a connu plusieurs versions et suscité de nombreuses oppositions dont le mouvement "Nuit debout", est "un texte équilibré, dynamique en faveur des entreprises, en faveur des entrepreneurs comme en faveur des salariés puisqu'il leur apporte de nouveaux droits et de nouvelles protections", a assuré le chef du gouvernement. La réforme du Code du travail, bien qu'édulcorée pour apaiser la colère de la majorité, répond à plusieurs revendications patronales : clarification des critères de licenciement économique, assouplissement du temps de travail, accords dits "offensifs" en faveur de l'emploi...
Par ailleurs, organisations patronales et syndicales négocient depuis février une nouvelle convention d'assurance chômage, qui doit entrer en vigueur le 1er juillet. La prochaine séance, le 28 avril, n'est pas remise en cause, selon une source au Medef.