Manuel Valls veut "avancer" sur le compte personnel d'activité (CPA) prévu par le projet de loi travail, mais sans faire claquer la porte au patronat, réticent à ce nouveau droit pour les salariés, a-t-il dit mardi soir devant une partie des parlementaires socialistes.
"Ouvert" aux attentes du patronat.Lors d'un "séminaire" d'environ trois heures au Palais-Bourbon, réclamé par les députés PS sur ce texte controversé et auquel assistaient aussi des sénateurs, le Premier ministre a défendu la nécessité de la réforme controversée du droit du travail mais redit que des "paramètres" pouvaient "évoluer" d'ici une nouvelle réunion avec les partenaires sociaux lundi, ou au cours du débat parlementaire, selon des participants. "Sur le CPA, il faut avancer, mais pour conserver le patronat dans la négociation, il faut aussi être ouvert à leurs attentes", a déclaré Manuel Valls, selon l'un d'eux.
Le CPA, "une belle idée". Le renforcement de ce compte personnel d'activité, qui se veut un prélude à la "sécurité sociale professionnelle", est une des pistes de l'exécutif pour rééquilibrer en faveur des salariés le texte, dénoncé par une partie de la gauche et par les syndicats comme déséquilibré. "Oui, il faut aller plus loin sur le CPA. C'est une belle idée, il faut continuer", a affirmé le Premier ministre dans son intervention, intervenue après celles des élus et des ministres Myriam El Khomri (Travail) et Emmanuel Macron (Economie).
Selon les informations d'Europe 1, le chef du gouvernement étudierait également un geste plus important que prévu en direction des fonctionnaires. Jusque-là, Manuel Valls évoquait seulement le gel symbolique du point d'indice mais le risque de blocage pourrait pousser l'exécutif à adopter une "position plus souple".
La CFDT en opposition. Le Premier ministre a également adressé un message à la CFDT, partenaire habituel des accords sociaux de l'exécutif, mais qui réclame le retrait d'une des mesures les plus controversées, le barème des indemnités prud'homales. Si "la CFDT ne doit pas se faire dicter ses positions par le gouvernement", "elle ne peut pas non plus dicter les siennes au gouvernement", a lancé Manuel Valls. "Des paramètres peuvent évoluer d'ici lundi et dans le débat", a-t-il dit, sans donner de détails.
Les "contacts" se poursuivront avec les députés PS "et surtout" le rapporteur pressenti à l'Assemblée, Christophe Sirugue, "pour construire un accord avec les organisations syndicales réformistes", a encore assuré le Premier ministre, disant son "envie de réussir dans le dialogue le défi du social-réformisme à la française", selon des propos rapportés.