Loin du jeu politique classique, Macron joue sa partition solo pour 2017

© ERIC PIERMONT / AFP
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M.B. et Antonin André
Le ministre de l'Économie n'a pas renoncé à faire entendre sa voix en 2017. Même s'il lui faut pour cela s'affranchir de toutes les règles de la politique.

Qu'importent les polémiques, sur les "costards" ou l'ISF, et les sondages qui montrent sa courbe de popularité en prendre un coup. Emmanuel Macron n'a pas renoncé à faire entendre sa petite musique sur la scène politique. Le Brexit lui a donné l'occasion de jouer sa propre partition, en dénonçant une Europe ultralibérale et technocratique, qu'il faudrait refonder. Devant des étudiants de Sciences Po ce week-end, le ministre de l'Économie, qui s'exprimait plus en homme libre qu'en patron de Bercy, n'a pas caché ses ambitions.

S'affranchir de toutes les règles. Preuve que l'ancien secrétaire général adjoint de l'Élysée n'a renoncé à rien, pas même à la présidentielle, il tiendra le 12 juillet un meeting à la Mutualité, à Paris. Une grande réunion politique avec son mouvement, "En marche !", seulement quarante-huit heures avant "le jour" du président de la République, le 14 juillet. "Où est le problème ?" demande Emmanuel Macron quand on l'interroge sur ce calendrier. Pour ceux qui ne l'auraient toujours pas compris, le ministre envoie un message clair : il a décidé de s'affranchir de toutes les règles du jeu politique classique.

Faire exploser le système. De fait, Emmanuel Macron considère que le système actuel est mort. Pour lui, tous les candidats "classiques" font campagne en s'appuyant sur les franges les plus radicales de leur camps pour conquérir le pouvoir. Mais ne se demandent jamais comment ils gouverneront s'ils sont élus. Cette gestion du pouvoir, patrimoniale et dévoyée, est ce que le ministre appelle "la chorégraphie contrainte du quinquennat". Bien décidé à ne pas y participer, Emmanuel Macron veut faire exploser la machine bien huilée. Et ne respectera donc aucune règle du jeu politique classique, y compris celle de la loyauté.

Progressistes contre conservateurs. Pourrait-il donc se présenter à la primaire de la gauche ? Emmanuel Macron confie ne pas vouloir "apporter de réponse définitive à la question de [sa] candidature". C'est que le ministre n'oppose plus droite et gauche, mais progressistes et conservateurs. "Je peux très bien faire les deux primaires", celle de droite et celle de gauche, dit-il en poussant le raisonnement jusqu'au bout. De fait, si le patron de Bercy se démarque franchement de Nicolas Sarkozy, qu'il classe dans le camps des conservateurs, il reconnaît en revanche des points d'accord avec François Fillon. 

"Mon horizon, c'est 2017". En outre, Emmanuel Macron n'exclut pas non plus l'hypothèse de se présenter directement à la présidentielle, contre le candidat désigné par la primaire de la gauche. À 38 ans, celui qui a déjà connu une ascension fulgurante et pourrait attendre 2022 pour se lancer, n'a aucunement l'intention de patienter encore cinq ans. "Mon horizon, c'est 2017", répète-t-il. "Je ne veux pas attendre, je veux imposer mes thèmes dans le débat présidentiel." Une ambition qui ne passe pas nécessairement par une candidature en bonne et due forme, mais tout reste organisé pour qu'elle reste possible.