Son nom revient ces derniers jours avec insistance : Agnès Buzyn serait pressentie pour figurer en haut de la liste de La République en marche aux élections européennes, alors que le parti présidentiel est la seule formation politique majeure à ne pas avoir encore tranché cette question en vue du scrutin du 26 mai. En attendant, la ministre de la Santé avance ses pions, analyse mardi Hadrien Bect, journaliste au service politique d'Europe 1.
"Aujourd'hui à la Santé, Agnès Buzyn est très bien là où elle est et elle le fait savoir. Au travail, son ministère, elle y tient, elle qui est hématologue de profession. Mais la voilà presque malgré elle émancipée de son statut de ministre de la société civile : d'abord pour défendre un président trop seul au début du quinquennat, ensuite pour parler d'Europe, sujet fondamental pour la ministre, elle qui compare la construction européenne à celle d'une cathédrale au Moyen-Âge : 'C'est ce que des hommes sont capables de bâtir ensemble qui va les dépasser et leur survivra', dit-elle. C'est beau comme un discours de campagne.
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Philippe l'aurait sollicitée. Car Agnès Buzyn n'en fait pas secret : elle a envie de faire de la politique avec peut-être en tête le parcours d'une Simone Veil, qui fut sa belle-mère. Ministre de la Santé, comme elle, puis présidente du Parlement européen. De là à dire qu'elle sera candidate aux élections européennes… 'Elle ne s'est pas prononcée', balaie son entourage.
" Même si ça ne conduit à rien cette fois, ça lui permettra toujours de voir combien elle pèse dans la balance "
Certains l'assurent : Edouard Philippe l'y verrait bien et l'aurait interrogée pour savoir si une candidature l'intéresserait. La ministre n'aurait pas dit non. En public, elle dément dans un sourire. Sans rien commenter, l'entourage du Premier ministre assure que 'le gouvernement est au travail'. Alors, name dropping de ses amis ou piste sérieuse ? 'Même si ça ne conduit à rien cette fois, ça lui permettra toujours de voir combien elle pèse dans la balance', analyse un conseiller ministériel.
Loiseau très offensive sur l'Europe. Elle n'est pas la seule ministre issue de la société civile à beaucoup parler de politique ces derniers temps. Nathalie Loiseau est elle aussi très offensive, en campagne sans le dire, en particulier contre Marine Le Pen. La ministre des Affaires étrangères est décrite comme 'brillante, solide' par ceux qui la connaissent. Pourquoi ne pas en faire une tête de liste ? 'Trop techno', rétorque un de ses collègues au gouvernement.
L'appétit politique est en tout cas là chez ses deux ministres. 'C'est normal qu'elles veuillent être élues, elles prennent goût à la politique', observe un brin amusé un ministre, lui-même très politique. C'est le propre d'une vie publique où, malgré le contre-exemple d'Emmanuel Macron, il reste difficile de se passer de l'onction du suffrage universel pour être légitime, surtout si on a des ambitions."