Le second tour des élections municipales se déroulera dans 5.000 communes le 28 juin 3:28
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Ariel Guez
Invité du journal de la mi-journée sur Europe 1, le sondeur et politologue Jérôme Sainte-Marie prédit que LREM va payer la faible popularité d'Emmanuel Macron au second tour des municipales, tandis que le RN aura les yeux rivés sur Perpignan, une grande ville prenable. Quant à un éventuel remaniement, cela dépendra des résultats du Havre, où Philippe est mis en ballottage. 
ANALYSE

"C’est une des élections les plus difficiles à analyser qui soient", prévient d'entrée Jérôme Sainte-Marie. Invité du journal de la mi-journée d'Europe 1 dimanche, le sondeur et politologue, président de l'institut Pollingvox et auteur de Bloc contre bloc, la dynamique du Macronisme, évoque le second tour des élections municipales, qui aura lieu le dimanche 28 juin. Il anticipe qu'en raison de l'épidémie, comme au premier tour, la participation sera faible, "certainement plus" qu'en 2014.

"LREM va payer un vote sanction"

Pour Jérôme Sainte-Marie, la première victime des élections municipales sera La République en marche. Le mouvement présidentiel n'a pas réussi à accorder sa stratégie à la crise sanitaire pour pouvoir remporter des villes clés. Agnès Buzyn semble largement distancée à Paris, et dans des villes qui avaient largement voté pour Emmanuel Macron en 2017 comme Rennes ou Rennes, les listes LREM ne semblent pas en capacité de l'emporter. 

"LREM paye deux choses". D’abord, "le fait d’avoir très peu d’élus sortants", explique le politologue, dans un scrutin où ceux ayant déjà exercé un mandat sont en position de force. "Aussi, elle va payer un vote sanction", poursuit Jérôme Sainte-Marie, comme l'avait fait le PS en 2014. "En 2014, la gauche avait été balayée dans beaucoup de villes à cause de la volonté de sanctionner le pouvoir impopulaire de François Hollande. Aujourd'hui, dans beaucoup de villes, LREM est handicapée par le taux de popularité très faible d’Emmanuel Macron". 

Le RN est "structurellement désavantagé pour ce scrutin".

Principal opposant de LREM à l'échelle de la France, le Rassemblement national ne devrait pas pour autant bénéficier de beaucoup de réussite fin juin. Si les huit maires élus en 2014 ont été reconduits, le parti de Marine Le Pen est aussi "structurellement désavantagé pour ce scrutin". "Parce que lorsqu'on analyse la sociologie de l'électorat, plus la commune est de petite taille, plus le vote RN est important", justifie Jérôme Sainte-Marie. "Ce qui fait que beaucoup d'électeurs du RN se retrouvent dans des communes où il n’y a pas eu d’offres politiques partisanes", explique le politologue. 

Toutefois, une ville servira de "test" au Rassemblement national : Perpignan. Dans cette commune de 120.000 âmes, la liste conduite par Louis Aliot est mieux placée qu’en 2014, et le député semble en mesure de l'emporter face au maire LR sortant Jean-Marc Poujol.

Une surprise écologiste ?

Alors, comme au premier tour, la surprise pourrait venir d'EELV. "Les écologistes semblent très bien placés dans de nombreuses villes", explique Jérôme Sainte-Marie, "avec des combinaisons très variables selon les territoires". Si à Paris ou à Grenoble, des accords ont été faits entre les partis sous la forme traditionnelle de l'union de la gauche, "d'autres formes de mobilisation ont émergé avec des listes citoyennes comme Archipel Citoyen à Toulouse ou bien comme le Printemps Marseillais". 

Mais dans certaines villes, faute d'accords entre les différentes listes qualifiées au second tour, il n'est pas sûr que les écologistes gouvernent malgré de bons scores au premier tour. C'est le cas par exemple à Lille, où Martine Aubry (maire sortante, PS, 29 % au premier tour) et Stéphane Baly (EELV, 24 % au premier tour) n'ont pas réussi à fusionner leurs listes et s'affronteront dans une triangulaire avec LREM.

Pour Édouard Philippe, "tout se joue au Havre"

Mais quels que soient les résultats, il est encore trop tôt pour se prononcer sur un éventuel impact immédiat du scrutin, comme un remaniement ministériel. "C’est compliqué puisqu’on a une dissociation de la popularité au sein de l'exécutif, avec Edouard Philippe qui a profité de la gestion du Covid-19. Tout se joue pour lui dans la ville du Havre, où il n’est pas assuré d’être élu", rappelle Jérôme Sainte-Marie. "Ce sera très difficile pour le président de la République de changer de Premier ministre en cas de victoire d’Edouard Philippe au Havre. Dans le cas inverse, les choses seraient bien différentes". 

Du côté de la macronie, la piste d'un remaniement post-municipales est ouvertement envisagé. Le journal Marianne a révélé que le chef des députés LREM Gilles Le Gendre a adressé une note sur un possible remaniement au président de la République. Note dans laquelle il tance Edouard Philippe et propose une liste de noms ministrables selon lui.