Les traces de sang sont encore visibles sur le trottoir près du pont Bir Hakeim, à Paris. Ce samedi soir, un touriste allemand a été tué lors d'une attaque au couteau près de la tour Eiffel. Le terroriste, un franco-iranien âgé de 26 ans, et déjà condamné pour un projet d'attaque à La Défense, avait fait allégeance à l'État islamique.
Interrogée ce lundi matin sur le sujet, la déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police-Force Ouvrière, Linda Kebbab, s'inquiète de la lutte contre le terrorisme en France. "Tout repose sur les épaules des policiers" s'alarme-t-elle au micro de Sonia Mabrouk.
"Il y a un vivier derrière"
"À chaque fois, tout repose sur les épaules des policiers du renseignement, sur les policiers du judiciaire, sur les policiers du quotidien qui interviennent en première ligne et qui neutralisent des assaillants ou les interpellent. C'est tout le temps sur les épaules des policiers que ça repose", s'alarme-t-elle.
"Jamais on n'interroge les dysfonctionnements de la naissance à la mort de l'individu, et notamment sur l'appareil judiciaire et les moyens qu'il peut mettre en œuvre pour éviter que les choses ne se reproduisent. Parce que là, on est en train de parler de personnes qui ont été condamnées, mais il y a un vivier derrière", ajoute la policière, qui s'inquiète de l'exposition de certains mineurs à la propagande djihadiste sur les réseaux sociaux.
"Je veux parler aussi des entrants" dans la mouvance terroriste
"Des jeunes hommes, je pense particulièrement à des jeunes hommes puisqu'ils sont majoritairement représentés dans ce type d'actes, qui ont 10, 11 ou 12 ans, et sont exposés à des discours qui potentiellement, feront d'eux des terroristes demain et après-demain. Et que fait la France pour s'assurer que, aujourd'hui, des enfants ou de jeunes adultes ne seront pas demain des terroristes ?", poursuit-elle.
"On parle souvent des sortants (de l'islamisme), moi je veux parler aussi des entrants", conclut-elle, soulignant que le système judiciaire se montre trop peu sévère envers les personnes arrêtées avant de passer à l'acte. "En moyenne, on observe en effet des peines d'emprisonnement entre trois et cinq ans pour des personnes qui projettent de commettre des attentats terroristes. Est-ce insuffisant ? Probablement. Alors qu'on a criminalisé la chose, on se retrouve aujourd'hui avec des peines prononcées qui ressemblent plus à ceux de délit", s'indigne-t-elle.