Lyon ne sera pas seulement la capitale des Gaules samedi et dimanche. La métropole rhodanienne sera aussi le point de rendez-vous des candidats auto-proclamés anti-systèmes au cours d’un week-end qui aura tous les atours du vrai lancement de la campagne présidentielle. Emmanuel Macron samedi, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen dimanche prononceront tous trois un grand discours qu’ils veulent fondateur, alors qu’à Paris, Benoît Hamon sera officiellement investi par le Parti socialiste, une semaine après sa victoire à la primaire de la gauche.
- Pourquoi Lyon ?
Si la métropole lyonnaise est le centre politique du pays ce week-end, c’est d’abord parce que Marine Le Pen a décidé d’en faire le lieu de ses assises présidentielles. C’est bien la présidente du FN qui a choisi en premier, et c’est précisément parce qu’elle s’y trouve qu’Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon ont décidé d’aller l’affronter en direct. Pour le FN, Lyon a toutes les qualités. C’est une grande ville, donc le parti est assuré de faire le plein, et elle a l’avantage de ne pas être Paris, perçue parfois car la province comme trop centralisée. En outre, la capitale d’Auvergne-Rhône-Alpes est aussi le fief de certains groupes identitaires.
"Gouffre" et hologramme. Jean-Luc Mélenchon assume sa stratégie. S’il tient meeting à la même heure et dans la même ville que la présidente du FN, c’est pour "marquer solennellement le gouffre qui sépare la logique de Marine Le Pen et la tradition républicaine des Français la plus profonde et la plus noble". Le candidat de la France insoumise y ajoute un bonus, puisque son hologramme tiendra meeting simultanément quai des Docks, à Aubervilliers.
"Tu ne dois pas laisser respirer Marine Le Pen". De son côté, Emmanuel Macron a d’autres bonnes raisons de se rendre à Lyon. C’est la ville de Gérard Collomb, son premier et plus fervent soutien, qui a convaincu une cinquantaine d'élus locaux de le rejoindre, et dont le chef de cabinet a pris la direction de la campagne. Mais le meeting, le lendemain dans la même ville de Marine Le Pen, ne relève pas pour autant de la coïncidence. Le fondateur d’En Marche ! a semble-t-il écouté les conseils de Ségolène Royal. "Tu ne dois pas laisser respirer Marine Le Pen. Il faut que tu te positionnes en frontal face à Marine Le Pen, coup pour coup, meeting contre meeting", lui avait conseillé la ministre de l’Ecologie début décembre, selon Le Figaro. Message reçu.
- Bataille d’ambiances
Trois grands meetings en un week-end, forcément, le jeu des comparaisons va s'enclencher. En termes d’affluence, c’est Jean-Luc Mélenchon qui devrait l’emporter, avec 10.000 personnes attendues au centre de convention de Lyon. Emmanuel Macron ne sera pas loin derrière, puisque le Palais des Sports peut contenir 7.000 spectateurs, et qu’il sera plein, assurément. Pour Marine Le Pen, la salle 3.000 de la Cité internationale sera elle aussi pleine, mais moins de 4.000 personnes peuvent s’y tasser.
Marine Le Pen va présenter son programme. Mais l’essentiel, pour la présidente du FN, c’est le fond. Après avoir observé une grande discrétion en 2016, la candidate compte lancer sa campagne dans la cité rhodanienne. C’est là qu’elle va présenter son programme, à l’issue de deux jours de réunion et de tables rondes. L’enjeu, pour elle, sera aussi de montrer l’unité de sa formation, après quelques couacs, notamment entre Florian Philippot et Marion Maréchal-Le Pen, tenants de deux lignes bien différentes.
Mélenchon veut donner "un peu d'oxygène aux gens". Jean-Luc Mélenchon, lui s’exprimera avec la volonté de contraste à l’extrême avec Marine Le Pen. "On va faire un discours très positif, déconnecté de la tambouille politicienne, donner un peu d'oxygène aux gens", a expliqué à l’AFP Manuel Bompard, son directeur de campagne. Il sera donc question de transition écologique, d'économie de la mer, de numérique et d'espace, dans cette réunion publique à l'intitulé évocateur: "Aux frontières de l'humanité".
Macron veut "entrer en campagne". Enfin, porté par des sondages de plus en plus flatteurs, mais toujours critiqué pour le "flou" de son programme, Emmanuel Macron doit "entrer en campagne" à Lyon, maintenant que le paysage des candidatures semble être éclairci par les primaires de la droite et du PS. Dans son discours, l’ancien ministre de l’Education va "remettre en perspective ce qu'il a dit jusqu'à maintenant et présenter le fil rouge de la suite de sa campagne", explique son entourage.