C’est un sparadrap qui colle à la campagne d’Emmanuel Macron, et que son équipe a de plus en plus de mal à décoller depuis le jeudi 23 mars. Ce soir-là, sur le plateau de L’Émission politique de France 2, François Fillon raille "Emmanuel Hollande" et "François Macron" et donne le coup d’envoi d’une campagne concertée pour faire de son adversaire l’héritier direct de François Hollande. Sur les réseaux sociaux, ses soutiens n’ont depuis cessé de propager le hashtag.
STOP À L'IMPOSTURE #EmmanuelHollande !
— Fillon2017Oise (@OiseAvecFillon) 6 avril 2017
5 ans de Hollande ➡️ ça suffit ! pic.twitter.com/hbiWycphc4
Accusé de ne pas avoir inversé la courbe du chômage. Dans la droite ligne de ces attaques, douze ténors des Républicains ironisent dans une tribune sous forme de "fausses questions", parue jeudi dans Le Figaro, sur la similarité du programme du candidat d’En marche ! et de la politique de François Hollande : "Votre projet économique est en "cohérence" avec le quinquennat de François Hollande, d’après le ministre de l’Économie, Michel Sapin. Donc en cohérence une croissance en berne et un déficit supérieur aux attentes. (...) Après avoir échoué à inverser la courbe du chômage, pourquoi voulez-vous précariser encore plus les Français en recherche d’emploi ?" y écrivent les figures LR.
"Stratégie" assumée chez Macron. Dans le camp Macron, les réponses sont d’abord à trouver au niveau du vocabulaire. Avant même d’être renommé par son adversaire "Emmanuel Hollande", le candidat d'En Marche ! avait réorienté sa campagne pour se démarquer du quinquennat socialiste. Depuis un peu plus d’un mois, il n’hésite plus à parler d’alternance "vraie", "véritable" ou "profonde", des expressions jamais assumées auparavant. Signe que le surnom d’"Emmanuel Hollande" inquiète dans le camp d’En marche !, les récents ralliements et soutiens, Manuel Valls en tête, ont été froidement accueillis. Emmanuel Macron a d’ailleurs préféré mettre en avant les nouveaux venus issus de la droite. Mardi, pendant le grand débat, on pouvait ainsi apercevoir, positionnées juste derrière lui, Aurore Bergé, une ancienne juppéiste, et la centriste Frédérique Dumas. "Oui, c’est une stratégie", assume un proche.
"Big bang" le 8 mai ? Pour Emmanuel Macron, il s’agit de prendre ses distances avec François Hollande. Mais surtout, dans la dernière ligne droite, de faire valoir sa posture de candidat "anti-système". Une fenêtre de tir s’offre à lui jeudi soir avec L’Émission politique, qualifiée d'"importante" par un membre de son équipe de campagne. "Il faut qu’on fasse comprendre qu’un "big bang" va survenir le 8 mai, de l’ordre de ce qui s’est passé en 1958 [lors de l’arrivée au pouvoir de Charles de Gaulle, NDLR]. On n’a pas assez appuyé dessus", reconnaît ce membre de son entourage. Le timing est serré : "C’est le dernier moment qu’il a avec les Français pour expliquer son projet. Après, pendant la campagne officielle, il ne se passera rien."