Emmanuel Macron a cherché jeudi à mobiliser les "paysans" en leur assurant que l'agriculture française pouvait retrouver "le printemps" en changeant de modèle pour privilégier la qualité et l'ouverture sur le monde. "L'agriculture est une des clés de notre avenir, or elle est aujourd'hui à la croisée des chemins", a déclaré le président de la République à l'occasion de ses "vœux aux agriculteurs".
A Saint-Genès-Champanelle, une commune située à une quinzaine de kilomètres de Clermont-Ferrand, il a décliné les grandes orientations de son gouvernement pour cette profession qui a beaucoup souffert ces dernières années : PAC plus protectrice, plan protéines et mise en place d'une épargne de précaution pour les agriculteurs à partir du 1er janvier 2019.
"Le loup devait trouver sa place dans les systèmes qui préexistent." Répondant à la manifestation organisée à Saint-Genès-Champanelle pour relayer "la souffrance et la détresse des éleveurs victimes des prédations du loup", le président a assuré que "le plan loup doit être fait et pensé dans les territoires où on le décline", et que "le loup devait trouver sa place dans les systèmes qui préexistent", contrairement à ce que prônent certaines ONG.
Rebondissant sur l'actualité, le président a assuré que l'Etat ferait "toute la lumière" sur l'affaire du lait contaminé aux salmonelles de Lactalis et qu'il "n'y aura aucune tolérance de l'Etat", car la sécurité alimentaire est une priorité. Emmanuel Macron a également annoncé que les ministres de l'Agriculture et de l'Economie réuniraient la semaine prochaine distributeurs, industriels et agriculteurs pour discuter des négociations commerciales et a menacé de dénoncer ceux qui ne respecteraient pas les bonnes pratiques.
"S'il n'y a pas de changement dans les dernières semaines de négociations, nous dirons aux consommateurs citoyens français qui fait quoi" dans ces négociations commerciales, a-t-il menacé. Les différents acteurs ont signé en novembre une charte de bonne conduite, censée permettre une meilleure répartition de la valeur entre les acteurs de la chaîne, en attendant le projet de loi issu des Etats généraux de l'Agriculture qui sera présenté mercredi au conseil des ministres.
Des agriculteurs qui "vont mal"
Le député de la France insoumise François Ruffin, qui a publié jeudi sur son blog le texte du projet de loi, a critiqué ce texte qui "ne propose rien, ou presque rien, pour aller vers un autre modèle d'agriculture". "Pas l'ébauche d'un nouveau contrat social", a souligné l'élu de la Somme, regrettant que le texte "se concentre sur la 'plomberie' : les relations agriculteurs/transformateurs/distributeurs, qui ont un intérêt comme mesure d'urgence, à court terme, mais sans vision, sans souffle, sans ambition".
Les 15 articles du projet de loi prévoient, comme annoncé par le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, un relèvement du seuil de revente à perte de 10% et un encadrement des promotions dans la grande distribution. Autre mesure phare, la possibilité pour les éleveurs de fixer leurs prix en tenant compte de leurs coûts de revient et de la situation des marchés.
Un plan d'investissement de 5 milliards d'euros pour l'agriculture. Le président de la République a aussi promis un plan d'investissement de 5 milliards d'euros pour l'agriculture, mais les syndicats agricoles se demandent si les producteurs les plus fragiles en bénéficieront alors que le nombre de défaillances d'exploitations continue d'augmenter. "70% des agriculteurs sont dans le rouge", selon Bernard Lannes, président de la Coordination rurale.