Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy étaient réunis dimanche pour commémorer le 75ème anniversaire des combats du plateau des Glières, dans les Alpes, au cours desquels une centaine de résistants furent tués en 1944. Après avoir voyagé ensemble depuis Paris, le chef de l'État et l'ancien président ont assisté côte à côte à la cérémonie d'hommage en présence de 2.000 personnes sous un soleil printanier.
Accueillis par Laurent Wauquiez
Après "le chant des partisans" entonné par des enfants, Emmanuel Macron a salué les 105 résistants inhumés à la nécropole nationale de Morette, à Thônes, en Haute-Savoie, "ces héros" qui, "dans la neige" du plateau des Glières, "tenaient un petit bout de France où ils pouvaient fièrement défendre les valeurs" du pays. "75 ans après, le peuple de France n'oublie rien de votre sacrifice, de votre leçon de courage", a-t-il ajouté en présence d'une centaine de chasseurs alpins dans leur uniforme blanc et d'anciens combattants.
De gauche à droite : Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron et le préfet de Savoie, Pierre Lambert. Crédit photo : LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
La cérémonie avait débuté par une image inédite, celle de l'accueil d'Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy par le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez qui, comme patron des Républicains, est l'un des principaux opposants au chef de l'État et l'héritier de l'ancien président. "C'est un accueil républicain, une fierté pour tout le monde", a expliqué Laurent Wauquiez. Car le plateau des Glières "est une histoire qui inspire, une belle leçon" qui "pose la question: est ce que nous sommes à la hauteur de ces gens (les résistants, ndlr) qui, face à l'Histoire, ont senti ce qu'il fallait faire? Ne pas se cacher, ne pas se dérober".
Situé dans le massif des Bornes à 1.450 mètres d'altitude, le plateau des Glières est devenu dès 1944 un haut lieu symbolique de la Résistance, malgré une récente remise en cause de l'ampleur de la bataille qui s'y est jouée. De janvier à fin mars 1944, 465 maquisards s'y étaient regroupés pour recevoir des parachutages d'armes des alliés. Attaqués par l'armée allemande et la milice de Vichy le 26 mars, 124 d'entre eux sont tués lors du combat ou fusillés, neuf disparaissent et 16 mourront en déportation.
"Un devoir de rassemblement"
Après la cérémonie, Emmanuel Macron, accompagné des ministres Jean-Michel Blanquer, Geneviève Darrieussecq et Sébastien Lecornu, était attendu avec Nicolas Sarkozy et Laurent Wauquiez sur le plateau où a été érigé en 1973 un monument national à la Résistance, avant de déjeuner avec des élus. Nicolas Sarkozy, tout sourire, a été invité par l'Elysée car il s'était rendu tous les ans sur les lieux durant son quinquennat mais jamais pour la cérémonie annuelle de commémoration, selon la présidence.
"C'est un devoir d'être ici", a-t-il déclaré après la cérémonie. "Tout n'est pas dans la bataille, la politique... Il y a la France, et le sacrifice de ces héros qui ont tout donné pour notre pays. Il y a un devoir de rassemblement vis-à-vis d'eux". L'image des deux présidents ensemble aux Glières montre "l'unité nationale, et je crois que c'est exactement ce qu'attendent les Français", a commenté sur BFMTV Nathalie Loiseau, la tête de liste LREM aux Européennes.
L'ancien président du conseil constitutionnel Jean-Louis Debré a regretté dimanche sur LCI l'absence de François Hollande à cette cérémonie "de communion nationale", ce qui "donne la possibilité ou un prétexte pour faire de la politique". "Macron a besoin d'essayer de banaliser ses rapports avec Sarkozy parce qu'il y a les européennes et les municipales ; et Sarkozy a besoin de Macron pour revenir pour que sa parole soit entendue", a estimé cette figure gaulliste.
Le président Macron et son prédécesseur ont également salué les vétérans présents sur place. Crédit photo : LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
Deux détonations pendant la cérémonie
Avant Emmanuel Macron, trois présidents avaient assisté à la commémoration du plateau des Glières : Vincent Auriol, Charles de Gaulle et François Mitterrand en avril 1994 pour le 50ème anniversaire des combats.
Durant la cérémonie, deux détonations d'origine inconnue ont été entendues, venues d'une montagne voisine. Des "gilets jaunes" avaient précédemment annoncé leur intention de se faire entendre.