Le symbole d'une "déliquescence de la démocratie". Elisabeth Badinter, femme de lettres et philosophe, engagée dans des combats pour l'universalisme, la laïcité ou encore le féminisme, revient sur Europe 1 sur la gifle reçue par Emmanuel Macron mardi alors qu'il était en déplacement dans la Drôme. Un geste filmé qui a été vu de nombreuses fois et qui a provoqué la condamnation unanime de la classe politique française. Pour la philosophe, cet acte traduit une "perte du langage" et porte un coup à la démocratie.
"Quand on donne un coup, quand on se laisse aller à la violence, ça veut dire qu'on n'a plus les mots pour débattre, ce qui met en cause beaucoup d'institutions, et peut être aussi l'école", dénonce-t-elle. "Je suis frappée de voir qu'il y a quelque chose de presque d'animal et de non humain dans ces coups."
"Un chagrin"
"Quand j'ai vu ces images, comme toute la France et peut être le monde entier, j'ai été terriblement choquée, inquiète et je dirais presque humiliée que l'on touche à la personne du président de la République, parfaitement régulièrement élu par le peuple. Et que ce soit vu par le monde entier a été un chagrin", ajoute Elisabeth Badinter.
Une gifle symbolique d'une "crise d'autorité", comme le dénonçait la candidate pour la tête de la région Ile-de-France Valérie Pécresse ? Ancienne professeure de lettres, Elisabeth Badinter réaffirme l'importance du respect dans les institutions et notamment au sein d'une classe. "Je pense que il est aussi du devoir du professeur de tenter d'être le plus neutre, le plus objectif, le moins idéologique possible. C'est très difficile et probablement, on n'y arrive pas toujours. Mais il faut à l'école et pour être respecté, d'une part une autorité personnelle et d'autre part, cet objectif de tenter d'être le plus objectif devant ses élèves, afin qu'ils puissent exercer librement leur esprit critique", assure-t-elle.