C'est l'un des moments les plus délicats de la visite d'Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie. Samedi, le président va commémorer les 30 ans de la prise d'otages d'Ouvéa, dans la grotte de Gossanah, qui a fait 21 morts, dont 19 Kanaks, en mai 1988. Cette visite fait débat sur l'île, à six mois du référendum d’autodétermination. Vendredi, le chef de l'État a été interpellé par plusieurs habitants qui ne comprennent pas pourquoi une telle commémoration est organisée, et pourquoi Emmanuel Macron y participe.
"Une grande majorité de familles qui souhaitent que je vienne". "Je vous demande de ne pas aller à Ouvéa, surtout pour respecter la décision des familles qui ne sont pas prêtes à vous recevoir là-bas", a lancé une femme originaire d'Ouvéa à Emmanuel Macron. Le président s'est arrêté au niveau de son interlocutrice pour dialoguer. "Mais vous savez, il y a une très grande majorité de familles qui souhaitent que je vienne", lui a répondu le chef de l'État. "Mais il y a aussi des personnes qui ne veulent pas et il faut respecter ceux qui ne sont pas d'accord", lui a-t-elle alors rétorqué.
"Tourner la page" et "avancer". "Vous avez raison, c'est pour ça que les respectant, je vais avoir des échanges avec eux. Mais il y a une quasi-unanimité qui souhaite ma venue. Avant de faire ce choix, j'ai écouté les avis de chacun", a lancé Emmanuel Macron, avec un ton pédagogique. Mais la Néo-Calédonienne a haussé le ton : "Les gens de là-bas n'ont pas été préparés psychologiquement, il n'y a pas d'aide psychologique pour vous recevoir !". "Il y en a aussi beaucoup qui veulent qu'on puisse tourner la page, et je compte aussi sur vous pour qu'on avance", a finalement déclaré Emmanuel Macron avant de s'éloigner. Ce qui n'a pas empêché la femme de lui lancer au milieu de la foule : "Vous allez laisser les familles se déchirer si vous allez à Ouvéa !"