Emmanuel Macron reçoit lundi soir Viktor Orban à Paris pour insister sur "l'unité des pays européens" sur la guerre en Ukraine face à la voix dissonante que fait régulièrement entendre le Premier ministre hongrois, ainsi que sur les "valeurs européennes" et l'État de droit". Lors d'un dîner de travail à l'Élysée, le chef de l'État français et le dirigeant hongrois controversé doivent préparer le Conseil européen des 23 et 24 mars à Bruxelles. Ils évoqueront "les questions de politique industrielle, d'énergie et de migrations", a déclaré la présidence française.
Viktor Orban navigue à contre-courant de ses partenaires européens sur le dossier ukrainien depuis l'invasion russe de l'Ukraine il y a un an. Il fustige la "guerre indirecte" menée par l'Europe contre la Russie et a encore lancé fin février un nouvel appel à un cessez-le-feu. Au-delà, le dirigeant nationaliste s'est plusieurs fois frotté à l'Union européenne au sujet du respect fluctuant de l'Etat de droit en Hongrie, qu'Emmanuel Macron, beaucoup plus europhile, entend à nouveau soulever lundi soir.
LIRE AUSSI >> Un an de guerre en Ukraine : le conflit a-t-il rebattu les cartes dans l'Union européenne ?
"Réaffirmer l'importance des valeurs européennes"
Le dîner élyséen, plus d'un an après leur dernière rencontre bilatérale de décembre 2021 à Budapest, "sera l'occasion de réaffirmer l'importance des valeurs européennes et de l'unité des pays européens dans leur soutien à l'Ukraine face à l'agression russe, notamment via l'application des sanctions contre la Russie", a fait savoir l'entourage du président français.
Ce dernier va aussi "réitérer la nécessité de ratification, par la Hongrie, de l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'Otan". Sur les 30 membres de l'Alliance atlantique, seules la Turquie et la Hongrie doivent encore ratifier ces deux nouvelles candidatures déposées en pleine guerre en Ukraine. Une source diplomatique française s'est dite lundi "assez confiante" quant au processus parlementaire engagé côté hongrois.
Position ambiguë
Depuis le début du conflit en février 2022, Budapest, très dépendant des importations d'hydrocarbures russes, maintient une position ambiguë, se gardant de critiquer le président russe. Viktor Orban, qui entretenait des liens étroits avec Vladimir Poutine avant la guerre, refuse d'envoyer des armes à Kiev et fustige les sanctions européennes visant Moscou, même s'il les a votées.
Depuis son retour au pouvoir en 2010, le dirigeant nationaliste a progressivement mis au pas les contre-pouvoirs, qu'il s'agisse des médias ou de la justice, s'attirant régulièrement les critiques de l'Union européenne. L'UE bloque aussi quelque 12 milliards d'euros de fonds destinés à Budapest dans l'attente de réformes anticorruption.