Objectif dix millions. Depuis dimanche, le compteur de la vidéo de Mcfly et Carlito sur les gestes barrières s'affole et totalise ce mardi plus de huit millions de vues. Cette chanson humoristique était un défi lancé par le président de la République, Emmanuel Macron, aux deux vidéastes. Si la dizaine de millions de vues est atteinte, alors le chef de l'Etat participera à une de leurs vidéos, sous la forme d'un concours d'anecdotes. Derrière ce défi, se cache surtout une nouvelle stratégie de communication de l'Elysée.
Depuis quelques mois, la communication présidentielle est ainsi plus directe, personnelle et évidemment plus connectée. "On est passé à la com 4.0", décrypte un membre de l'Elysée. Emmanuel Macron est présent sur les réseaux sociaux, en interview sur le média en ligne Brut, se filme lui-même pendant son isolement Covid et dialogue désormais avec des youtubeurs pour parler "gestes barrières". Le ton a changé. "A une époque, ce genre d'idées ne remontaient pas au Président", reconnait un collaborateur.
Un homme derrière le changement
Derrière ce changement, il y a une volonté politique, mais aussi un homme : Clément Léonarduzzi. Ce quadragénaire, ancien de chez Publicis, est arrivé fin août à la tête de la communication du Palais. Avec ses équipes, il modernise, prend des risques, change les codes et il impose le rythme, autant parfois qu'Emmanuel Macron. Début février, il a placé le chef de l'Etat, par surprise, dans le journal de 20 heures de TF1.
"Clément sent très bien le pouls de ce qui passe", affirme un conseiller. "Il a sorti le Président de son image 'attendue', sans abimer sa stature", confirme un autre.
Objectif 2022 ?
Mais ce professionnel de la communication n'a pas que des soutiens au sein de la majorité. Ses méthodes font parfois grincer des dents, désarçonne aussi, en pleine pandémie. "Léonarduzzi devrait arrêter avec sa ligne 'faire des coups' quand on voit la situation sanitaire", s'inquiète un macroniste historique.
Est-il pour autant un bon atout pour Emmanuel Macron en 2022 ? Rares sont ceux qui en doutent au gouvernement, comme le confie ce membre de cabinet. "Pour chaque cible, on a un message et un canal. On est déjà dans une communication de campagne électorale".