Lors des élections européennes de 2014, 74% des Français âgés de 18 à 24 ans n'étaient pas allés pas voter. C'est ce chiffre qu'Emmanuel Macron avait en tête, vendredi soir, lorsqu'il a choisi de réserver sa dernière prise de parole, avant la trêve électorale et le scrutin de dimanche, à Hugo Travers, un jeune YouTubeur spécialisé dans le décryptage politique. Via un canal différent, plus moderne que les médias traditionnels, interrogé par un jeune homme de 22 ans populaire auprès de sa classe d'âge, le président de la République ne poursuivait (officiellement du moins) qu'un objectif : convaincre les plus jeunes électeurs de se déplacer jusqu'aux urnes.
"Décider de ne pas voter, c'est vous interdire derrière de critiquer"
"Je suis venu pour essayer de vous convaincre d'une chose : pour vous, il est essentiel d'aller voter", a-t-il martelé dès le début de son intervention. À la fin, s'adressant face caméra aux dizaines de milliers de personnes qui suivaient cette interview en direct, le président s'est fait plus direct encore. "Je vais vous parler très directement. Je crois très profondément dans l'Europe et dans la France. La place de notre pays dans le monde dépend de l'Europe. Je ne suis pas venu vous dire 'votez pour telle ou telle liste', je suis d'abord venu vous dire 'allez voter, allez voter'. Décider de ne pas voter, c'est vous interdire derrière de critiquer. Vous laissez les autres décider pour vous de votre avenir."
Tout au long de l'interview, interrogé tant par Hugo Travers lui-même que par des citoyens via le tchat de la chaîne YouTube, Emmanuel Macron a abordé les sujets prisés des jeunes. Le climat, et notamment les taxes sur les produits polluants par exemple. "Je suis favorable à progressivement taxer davantage les entreprises polluantes", a-t-il déclaré. "Ça, je ne le ferai pas au niveau national. Si je le fais en France, l'entreprise ira s'installer en Belgique et en Allemagne et je n'aurai plus les emplois en France. La manière de le faire, c'est donc au niveau européen." Le chef de l'État a également détaillé les mesures prises par le Parlement européen pour lutter contre le plastique et appelé à aller plus loin sur ce sujet, comme sur celui de la taxation du kérosène des avions.
"Au cœur de vos batailles, il y a l'Europe à chaque fois"
Interrogé également sur la transparence et les lobbies au sein des instances de l'Union européenne, Emmanuel Macron a reconnu que des efforts restaient à faire et appelé de ses vœux une "agence indépendante, avec des experts indépendants". "Il faut qu'on puisse se payer, nous pouvoirs publics, les États ou la Commission européenne, des études avec ces experts", a-t-il souligné. Mais aussi "que les députés soient obligés d'expliquer leur vote, de rendre compte à leurs électeurs". "Au cœur de vos batailles - le climat, la liberté - il y a l'Europe à chaque fois", a résumé le chef de l'État.
Emmanuel Macron a également répondu aux interrogations et inquiétudes des jeunes sur les démarches administratives pour aller voter. Face à ceux, nombreux, qui pointaient la complexité des procurations par exemple, le chef de l'État a noté qu'il existait des formulaires à pré-remplir en ligne, et rappelé qu'il était "encore temps" de se déplacer pour donner son vote à quelqu'un d'autre.
"Il y a plein de choix, beaucoup de listes. Ne votez pas contre, votez pour"
En revanche, il a estimé irrecevable l'argument de certains internautes qui pointaient un trop grand nombre de listes (34 au total) pour s'y retrouver. "C'est un peu paradoxal, on ne peut pas dire que c'est compliqué car il y a beaucoup de candidats. S'il y a beaucoup de candidats, c'est que c'est démocratique", a asséné le président. "C'est à chacun de faire la démarche. Vous recevez les professions de foi, vous avez la possibilité de vous renseigner sur Internet, donc dire qu'on n'a pas été assez informés… le citoyen n'est pas passif. On est dans une démocratie, on a beaucoup d'offre et la possibilité d'accès à toute l'information."
Des arguments repris dans sa conclusion. "Il y a plein de choix, beaucoup de listes. Ne votez pas contre, votez pour. Pour l'innovation, la justice sociale, pour qu'on soit mieux protégés." Et le président, très solennel, de conclure, les yeux plantés dans l'objectif de la caméra : "Ne laissez pas les autres décider pour vous, ne restez pas assis chez vous. J'ai confiance en vous. C'est le 26 mai ou jamais."