La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a déploré vendredi "une forme d'Ehpad bashing" à propos des "dysfonctionnements" dans les maisons de retraite médicalisées, largement médiatisés à l'approche d'une grève nationale mardi. "Les familles sont inquiètes, je veux les rassurer, il y a une forme d'Ehpad bashing dans la presse, qui pointe des dysfonctionnements", a déclaré Agnès Buzyn. "Je ne veux pas les nier, ce sont des réalités, mais ce ne sont pas non plus des généralités", a ajouté la ministre à l'issue d'une visite à l'hôpital gérontologique de Chevreuse, dans les Yvelines, qui abrite un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).
L'"urgence des besoins". En présentant leur journée de mobilisation nationale prévue mardi, les représentants des personnels avaient exprimé la veille leurs inquiétudes sur les manques d'effectifs. Des aides-soignants CGT avaient donné des exemples de toilettes faites en moins 10 minutes, ou de résidents à qui on met des couches par manque de temps pour les accompagner aux WC. À l'issue d'une rencontre à huis clos avec les personnels de l'établissement de Chevreuse, Agnès Buzyn s'est dite consciente, depuis son arrivée au ministère, de l'"urgence des besoins". Elle a réaffirmé sa volonté que la réforme controversée du financement des Ehpad, qui doit s'étaler sur sept ans (2017-2023), ne fasse "aucun perdant". "Mon engagement est qu'il n'y ait pas de réductions de postes, où que ce soit".
160 millions d'euros alloués à la création de postes. La ministre a rappelé que les moyens alloués aux Ehpad ont été augmentés de 100 millions d'euros dans le budget 2018 de la Sécurité sociale, dont 72 millions d'euros pour créer des postes de soignants dans les Ehpad et 28 millions pour les établissements en difficultés. Dix millions d'euros ont également été votés pour "des postes d'infirmiers de nuit". En outre, une enveloppe supplémentaire de 50 millions d'euros a été annoncée jeudi pour que les Agences régionales de santé puissent "spécifiquement accompagner les Ehpad les plus en difficulté". Au total, "160 millions d'euros sont d'ores et déjà dédiés à la créations de postes pour 2018", a-t-elle résumé. Pour les budgets suivants, le comité de suivi de la réforme verra si des mesures supplémentaires sont nécessaires.
Des enquêtes de satisfaction lancées en 2019. Agnès Buzyn a par ailleurs évoqué une "nouvelle voie" de travail. "Nous souhaitons être capables de mieux financer les Ehpad qui vont faire un travail spécifique sur la prévention de la perte d'autonomie". Ces établissements recevraient "un budget alloué", "probablement en 2019". Dans un communiqué, le ministère a précisé qu'un groupe de travail sur la qualité de vie au travail, constitué à l'automne 2017, remettrait ses propositions à la ministre en mai. Concernant les résidents, des enquêtes de satisfaction portées par la Haute autorité de Santé seront lancées en 2019 et leurs résultats seront publiés. Agnès Buzyn installera par ailleurs le 19 février une commission en vue de proposer une stratégie nationale de lutte contre la maltraitance, associant tous les acteurs.