Manuel Valls a fini par plier. Le Premier ministre n'a pas prononcé le mot "excuses", mais le mea culpa est là, du moins en partie. "Je reconnais évidemment qu'il y a eu une erreur, une erreur de communication, une erreur de sensibilité", a admis Manuel Valls jeudi sur la télévision Réunion 1ère. Même si, à ses yeux, "aucune faute" n'a été commise.
Un peu plus tôt dans la journée, le locataire de Matignon a annoncé qu'il prendrait en charge 2.500 euros du coût de son déplacement en Falcon à Berlin avec deux de ses enfants. Une somme qui correspondrait à ce qu'aurait coûté le déplacement de ses deux fils sur une ligne commerciale. "Je voulais mettre un point final à cette polémique pour me consacrer à l'essentiel", a insisté Manuel Valls. Une polémique qui dure maintenant depuis quatre jours et qui risque d'écorner l'image du Premier ministre. Selon un sondage Elabe pour BFMTV, 77% des Français se disent "choqués" par son déplacement à Berlin.
Un mea culpa partiel. Mais la décision de Manuel Valls suffira-t-elle à limiter la casse ? "Un mea culpa marche quand il est total et sans ambiguïté, ce qui n'est pas le cas ici", tranche le communicant Jean-Luc Mano, directeur associé du cabinet Only Conseil, contacté par Europe 1. "Il ne se focalise que sur une partie du reproche, le fait qu'il ait emmené ses enfants, mais pas sur le déplacement au match lui-même". De fait, Manuel Valls n'a pas cédé sur ce point, réaffirmant qu'il avait "utilisé les moyens mis normalement à la disposition du Premier ministre" dans le cadre "d'un déplacement officiel à l'invitation de Michel Platini", le président de l'UEFA.
"C'est le contraire de ce qu'il est". L'affaire aura-t-elle un impact sur l'image de Manuel Valls sur le long terme ? Un proche du Premier ministre veut croire que non. "Je peux me tromper, mais je ne pense pas que ça lui colle durablement à la peau", espère-t-il. "C'est le contraire de ce qu'il est : un type qui n'a pas un rond, ne collectionne pas les montres et fait ses courses dans les magasins comme tout le monde". En revanche, cette polémique révèle que le Premier ministre se pensait moins faillible dans l'opinion, poursuit-il : "c'est un peu comme un gosse qui ne fait jamais de bêtise. Quand il finit par en faire une, il s'étonne qu'on lui fasse autant de reproches !"
Une cote de popularité qui résiste. Manuel Valls (ici en photo à La Réunion, jeudi) dispose toutefois d'un matelas de sécurité : malgré plus d'un an dans l'enfer de Matignon, il résiste toujours bien dans les sondages. Le Premier ministre enregistrait 59% de bonnes opinions dans le baromètre Ifop/Paris Match, réalisé avant que la polémique éclate. "Manuel Valls a une très bonne image personnelle, meilleure que la cote d'approbation de son action au gouvernement", relève Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop.
Pour le sondeur, il est toutefois impossible de prédire si le Premier ministre va payer cette polémique en points de popularité. "Une inconnue demeure : a-t-il réussi à refermer la polémique ? On va voir si ça rebondit ou pas", observe-t-il. Pour Frédéric Dabi, le mea culpa pourrait avoir un impact positif. "Ça permet de se mettre au même niveau que les Français. Et ça correspond à une qualité que l'opinion lui reconnaît : le parler-vrai".
Eviter l'accumulation. Jean-Luc Mano est plus sceptique. "C'est encore plus dur à encaisser pour Manuel Valls car c'est un expert en communication et il n'a jamais été pris en défaut là-dessus", estime-t-il. Désormais, le locataire de Matignon doit redoubler de vigilance pour éviter l'accumulation, conclut l'expert : "quand vous faites une erreur, ça va. Quand vous en faites plusieurs, ça peut peser durablement. C'est ce qui est arrivé à Sarkozy avec le Fouquet's, le yacht, etc". Valls l'ambitieux retiendra-t-il la leçon ?