Mais que va faire Manuel Valls maintenant ?

Manuel Valls vient de subir un sévère coup d'arrêt dans sa carrière politique. Le rebord passe par Evry, son fief.
Manuel Valls vient de subir un sévère coup d'arrêt dans sa carrière politique. Le rebord passe par Evry, son fief. © Lionel BONAVENTURE / AFP
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Battu dimanche lors du second tour de la primaire du PS, Manuel Valls va sans doute devoir se reconcentrer sur son fief d’Ivry. Et attendre des jours meilleurs. 

Jusqu’ici, la trajectoire politique de Manuel Valls avait tout d’une inexorable montée en puissance. Cette trajectoire vient de subir un sévère coup d’arrêt, avec la défaite de l’ancien Premier ministre dimanche au second tour de la primaire du PS face à Benoît Hamon. Il ne sera pas président de la République en 2017 mais, au-delà de ça, il se doit de laisser les rênes du Parti socialiste aux proches de son adversaire. Voilà donc Manuel Valls contraint, désormais, de prendre son mal en patience en attendant des jours meilleurs.

Une chose est sûre, toutefois : il n’a pas tiré un trait sur sa carrière politique. "Je resterai ce militant infatigable d’une gauche qui, sans aucun sectarisme, sait relever les défis de notre temps", a-t-il déclaré dimanche soir lors de son discours de défaite. Tout sauf une déclaration de départ à la retraite. Mais il doit d’abord rebondir. Cela passe d’abord par un retour aux sources, dans son fief d’Evry. Mais il a aussi d'autres options.

  • A Evry pour un nouveau départ

A court terme, au moins, voilà Manuel Valls privé de responsabilités politiques au niveau national. La reconquête, pour lui, passe donc par le local et par Evry, son fief depuis le début des années 2000. Après son départ de Matignon, il est d’ailleurs redevenu député de la première circonscription de l’Essonne, un siège qu’il avait occupé entre 2002 et 2012, date de son entrée au gouvernement. Sa priorité sera donc de rester député en 2017, lors des législatives. Théoriquement, ce ne devrait pas être si compliqué. La circonscription est à gauche depuis 1973 et en 2012, Manuel Valls l’avait emporté avec 65,58% au second tour. Autant dire qu’une nouvelle défaite serait un véritable coup de tonnerre.

Dans ce cas de figure, il resterait alors à Manuel Valls une autre option : redevenir maire d’Evry (une fonction qui lui sera interdite s’il est réélu député, en vertu de la nouvelle loi sur le non-cumul des mandats). L’ancien Premier ministre est toujours conseiller municipal de la préfecture de l’Essonne et, en théorie, Francis Chouat, l’actuel maire, pourrait tout à fait se démettre au profit de celui dont il est un proche de longue date. Mais si Manuel Valls devait se contenter, après les élections de 2017, de la mairie d’Evry comme seul mandat électif, ce serait vraiment un pis-aller. Et le début, sans doute, d’une traversée du désert.

  • Garder un œil sur le Parti socialiste

Lors de la primaire de la gauche, ce sont deux lignes claires, irréconciliables pour certains, qui se sont fait face. Et c’est celle d’une gauche radicale, face au social-réformisme réaliste de Manuel Valls, qui l’a emporté. A priori, donc, l’ancien Premier ministre n’est pas bien placé pour conduire la refondation d’un parti qui en aura probablement bien besoin après les échéances de 2017, où le pire lui est promis. Cela n’empêcherait pas le député de l’Essonne d’œuvrer à l’avenir de sa formation politique. Notamment en faisant exister sa ligne, même si elle est minoritaire pendant plusieurs années.

Surtout, Manuel Valls doit se tenir prêt en cas d’éclatement du Parti socialiste, une hypothèse à ne surtout pas écarter. Si tel est le cas, Manuel Valls devra forcément se placer au cœur de la création d’un nouveau bloc de centre-gauche. Auprès, pourquoi pas, d’un certain Emmanuel Macron, avec qui la proximité est indéniable... même s'il ne le porte pas vraiment dans son coeur. Certains des soutiens de Manuel Valls envisagent d’ailleurs presque ouvertement de soutenir l’ancien ministre de l’Economie après la défaite de leur champion.

  • Profiter de son statut

Tout l’enjeu, pour Manuel Valls, sera en fait de continuer à exister dans le paysage politique français, sous quelle que forme que ce soit. S’il est député, il profitera de l’exposition qu’offre l’Hémicycle pour, en cas de probables défaites aux élections de 2017, devenir l’un des leaders de l’opposition. Son statut d’ancien Premier ministre l’autorisera à revendiquer d’être en première ligne. Car la Ve République est ainsi faite qu’un ancien locataire de Matignon bénéficie, s’il en a l’ambition et le savoir-faire politique, d’une voix qui porte. Et Manuel Valls ne manque ni de l’une, ni de l’autre.