Manuel Valls voudrait faire interdire le voile à l'université

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Plus largement, Manuel Valls inscrit cette mesure dans la "bataille culturelle" contre l’islam radical. © JEAN-PIERRE MULLER / AFP
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R.Da.
Plusieurs ministres se sont déjà mis en rupture avec cette mesure défendue par le Premier ministre mercredi dans une longue interview à Libération.

Douze ans après l’interdiction du voile dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le Premier ministre souhaiterait pouvoir aller plus loin. Interrogé mercredi par Libération sur une possible extension de cette interdiction à l’université, il répond : "Il faudrait le faire, mais il y a des règles constitutionnelles qui rendent cette interdiction difficile." En mars 2015, la ministre des Droits des Femmes, Pascale Boistard, avait déjà déclaré au Talk du Figaro, non sans une certaine gênequ’elle n’était pas "favorable" au port du voile à l’université, une position largement partagée à droite de l’échiquier politique.

Voix discordantes. Mais ce positionnement ne fait pas vraiment l’unanimité au sein du gouvernement. Pour Thierry Mandon, secrétaire d’Etat en charge de l’Enseignement supérieur, "il n’y a pas besoin de loi" car, explique-t-il sur RTL, "ce que je vois sur le terrain, ce que me disent tous les présidents d’université, c’est qu’il n’y a pas de problème et que ce n’est pas utile de créer un problème là où il n’y en a pas". Le responsable socialiste tient à rappeler que si le voile intégral est prohibé en France, ce n’est pas le cas du foulard. "Non, il n’y a pas de contagion du foulard", assure-t-il. De son côté, la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem a déclaré sur RMC qu'elle n'était "pas pour l'interdiction du foulard à l'université", invoquant notamment "la liberté de conscience, la liberté religieuse" des "jeunes majeurs".

Plus largement, Manuel Valls inscrit cette mesure dans la "bataille culturelle" qu’il entend livrer contre l’islam radical en faveur de la laïcité. "J’aimerais que nous soyons capable de faire la démonstration que l’islam, grande religion dans le monde et deuxième religion de France, est fondamentalement compatible avec la République, la démocratie, nos valeurs, l’égalité entre les hommes et les femmes", poursuit-il dans Libération.

Asservissement de la femme. "Il faut un langage de vérité", estime encore le chef du gouvernement. "Dans la République, il y a aussi des interdits. Oui, la République s’est honorée quand le Parlement a voté en 2004 une loi interdisant les signes religieux ostentatoires à l’école". Pour le locataire de Matignon, le voile est un asservissement de la femme, "dès lors qu’il est revendiqué politiquement de manière militante". "On ne peut pas faire comme si c’était un objet de mode ou de consommation comme un autre."