Jeudi dernier, il a lancé son mouvement politique "En marche". Y a-t-il des Français pour suivre Emmanuel Macron ? Marc Endeweld, son biographe*, était l'invité de David Abiker dans l'émission C'est arrivé demain, pour répondre à cette question.
"Contre les partis". Les primaires au PS ? Les partis en général ? C'est "un véritable calvaire" pour Emmanuel Macron, selon son biographe, qui ajoute que le ministre de l'Economie "ne s'y intéresse pas du tout. Il se construit contre les partis politiques et contre le PS en particulier. D'habitude, les responsables politiques se construisent contre les médias", poursuit Marc Endeweld, qui prend l'exemple de Martine Aubry. "Emmanuel Macron, lui, se construit contre le système politique traditionnel."
Ambitieux. En outre, le biographe n'imagine pas Emmanuel Macron se soumettre au jeu des primaires à gauche. "Il pourrait très bien y aller directement (se présenter à la présidentielle de 2017, ndlr). C'est d'une très grande prétention. L'un des seuls responsables politiques qui a pu faire ça dans la Ve République, c'est de Gaulle". Marc Endeweld souligne l'ambition du ministre, qui use beaucoup des réseaux sociaux, qui a fait plusieurs voyages en Californie, s'est lié à des start-uppers, à l'homme d'affaires Xavier Niel. Une ambition, selon l'analyste, contrée par les rouages institutionnels de la Ve république, caractérisés par une forte inertie. La "preuve" ? Les 200.000 abonnées de Macron sur Twitter quand Sarkozy en a 1,2 million. Le ministre de l'Economie ne serait donc pas encore assez visible.
"Au-delà d'un microcosme parisien". Qui croit donc en Emmanuel Macron ? L'homme politique, qui se targuait dimanche d'avoir déjà 13.000 adhérents, "est soutenu par certains grands patrons, par des journalistes comme Yves de Kerdrel, et en même temps il séduit plus largement que ce petit microcosme parisien, notamment les lycéens de 15 à 18 ans, des jeunes de banlieues multidiplômés qui s'intéressent à son discours sur le mérite individuel."
"Il se joue des étiquettes". Le mouvement "En marche" est, selon le ministre de 37 ans, ni de gauche ni de droite. Est-ce un argument moderne pour rassembler ? Marc Endeweld préfère le terme d'ambigu. "Il est de droite sur le plan économique, il prône une dérégulation, et en même temps il définit une sorte de nouveau progressisme à la française. Il se joue des étiquettes" et picore à droite et à gauche. Reste la question de la situation de Macron par rapport à Hollande. "Emmanuel Macron n'est l'affidé de personne. Il a un rapport d'amitié et de respect mais surtout d'opportunité." Si François Hollande présente une faille en 2017, Macron pourrait bien jouer sa carte.
*L'ambigu Monsieur Macron, de Marc Endeweld, aux éditions Flammarion Enquête.