Une sérénité totale. On a tous en tête l'image de samedi dernier avec un président de la République qui s'est fait siffler et même insulter au Salon de l'agriculture Porte de Versailles à Paris. Alors que Manuel Valls a entamé sa visite lundi matin, il y a une femme politique qui aborde avec une sérénité totale sa visite mardi au Salon de l’agriculture, c'est Marine Le Pen.
10 heures de visite.Marine Le Pen a prévu de faire de sa visite au Salon une démonstration de force. Elle va y passer dix heures, de 9 heures à 19 heures mardi. Car, ce qu'elle cherche, c'est le contraste. L'un des artisans de sa visite dit d'ailleurs, "François Hollande était le champion du marathon. Il restait 10, 11 heures au Salon de l'agriculture alors qu'aujourd'hui, il est obligé de sprinter tellement il a trahi les agriculteurs".
Six rendez-vous calés. C'est avec gourmandise, au sens propre comme au sens politique, que Marine le Pen prendra son temps Porte de Versailles. Elle goûtera toutes les spécialités pour la photo mais elle s'est aussi calée pas moins de six rendez-vous avec des professionnels tout au long de la journée. L'histoire qu'elle veut raconter est donc "aujourd’hui, je suis la seule a être la bienvenue ici". Et même si cela n'est pas forcément vrai, ce sera ce que raconteront les images mardi.
Un coup à jouer. Le Front National pense avoir un coup à jouer au Salon de l'agriculture. Depuis des décennies, le vote paysan est verrouillé par la FNSEA, le principal syndicat agricole, et les agriculteurs ont voté, élections après élections, massivement pour le RPR puis pour l'UMP. En 2012, par exemple, Nicolas Sarkozy a recueilli dès le premier tour 44% des suffrages des agriculteurs, ce qui est considérable.
Les choses bougent. Mais le FN sent que cela est en train de bouger. "La FNSEA est débordée par sa base", explique un soutien de Marine Le Pen. "Il y a une brèche, il faut qu'on s'engouffre dedans", ajoute-t-il. Et d'ailleurs, samedi matin, dans le flot d'insultes, on a entendu "on n'est pas des migrants". Cette phrase, lancée au président de la République a été parfaitement repérée au Front National.
Un vote paysan important. Le vote paysan, qui regroupe aussi bien les agriculteurs que leurs familles ou encore les agriculteurs retraités, représente plus d'un million de personnes en France, un poids considérable dans les suffrages. Et Marine Le Pen a toutes les raisons de penser avoir sa chance puisque, selon un sondage BVA pour la revue agricole Terre-Net, 36% des agriculteurs se disent prêts à voter Marine Le Pen en 2017. C'est presque deux fois plus que son score de 2012 chez les agriculteurs qui était de 19,5%.
Un programme en préparation. Pourtant pour aider les agriculteurs, Marine Le Pen en est encore au stade du "c'est la faute de l’Europe" ou, "il faut sortir de la Politique Agricole Commune, récupérer l'argent de la France et le mettre au service de notre agriculture". C'est une vision simple qui ne suffira pas. Mais la direction du Front National en a parfaitement conscience. "En 2012, notre programme agricole était un peu léger", reconnait l'un des cadres du parti. "La prochaine fois, il va nous falloir des propositions précises, concrètes et chiffrées", explique-t-il. Deux députés européens du Front national sont d'ailleurs chargés en ce moment même de plancher sur un programme agricole solide pour les élections présidentielles de 2017.