A six mois de la présidentielle, Marine Le Pen a déclaré jeudi sa flamme aux seniors, un électorat rétif aux positions du Front national, notamment en matière économique, et qui constitue l'un des principaux freins à la progression du parti d'extrême droite. Les personnes âgées "subissent les effets désastreux de la disparition des services publics. En France, on vit de plus en plus vieux mais on vieillit de plus en plus seul", s'est inquiétée la candidate à la présidentielle dans un discours d'une dizaine de minutes lors du colloque "Bien vieillir, un enjeu majeur au XXIe siècle" à la Maison de la Chimie, à Paris.
"La dépendance" comme thème de campagne. Pour l'instant, un nouveau "collectif" FN consacré aux seniors est annoncé. Aucune proposition concrète pour l'instant, même si Marine Le Pen a rappelé sa mesure phare de 2012, la "création d'une cinquième branche de la sécurité sociale consacrée à la dépendance", et promis d'évoquer prochainement les sujets de la dépendance, des services de proximité, des petites retraites, du maintien des commerces en milieu rural, de la solidarité entre générations et de la consolidation de notre pacte social. Mais d'ores et déjà, un message : Marine Le Pen compte sur les seniors.
Pour l'instant, cet électorat lui fait cruellement défaut dans sa perspective de conquête de l'Elysée : au second tour de la présidentielle, d'après un sondage Ifop de juin 2016, Marine Le Pen récolterait seulement 14% des voix des plus de 65 ans (contre 33% dans l'ensemble des sondés), contre 86% pour Alain Juppé. Si elle affrontait Nicolas Sarkozy, elle n'obtiendrait que 24% des voix des seniors (contre 43%), contre 76% pour l'ancien chef de l'Etat.
Un électorat courtisé. Ce n'est pas faute pour le FN d'avoir essayé de débloquer ce "verrou", selon Jérôme Fourquet de l'Ifop. A coup de communiqués ou de conférences de presse, le FN et Marine Le Pen évoquent souvent la désertification rurale ou la "solitude", parmi divers thèmes chers aux seniors. Marine Le Pen avait aussi organisé une conférence de presse fin 2013 pour présenter sa réforme de la dépendance, et demandé en 2014 un entretien à Michèle Delaunay, alors en charge des personnes âgées, pour évoquer les pensions de retraite.