C'est l'autre affaire du moment. L'Office européen de lutte antifraude (Olaf) estime que la présidente du FN a fait salarier par le Parlement européen son amie et actuelle chef de cabinet, Catherine Griset, au titre d'"assistante accréditée" à Bruxelles alors qu'elle travaillait en réalité pour le parti.
Ni bail ni facture d'électricité. De son côté, la présidente du parti Front national a plusieurs fois rejeté les accusations d'emploi fictif. Mais dans son édition du 2 février, L'Obs révèle des éléments de l'interrogatoire de Catherine Griset, mené le 2 juillet 2015, par les fonctionnaires de l'Office européen de lutte anti-fraude. Et les questions posées prouvent que les enquêteurs étaient déjà en possession de nombreux éléments troublants. En effet, le contrat signé par Catherine Griset pour cette mission stipulait qu'elle avait l'obligation d'habiter à Bruxelles. Or, aucun bail, aucun relevé d'eau ou d'électricité n'a été trouvé à son nom, indique l'hebdomadaire. Devant l'Olaf, l'amie de Marine Le Pen s'est justifiée en déclarant avoir été "logée par des amis qui avaient une grande maison", puis avait dormi "sur un canapé-lit".
Le compte-rendu de l'interrogatoire mentionne également que la fille de Catherine Griset est restée scolarisée pendant toute cette période dans une école primaire de Garches, dans les Hauts-de-Seine.
Une présence très discrète au Parlement européen. Autre élément pouvant accréditer la thèse d'une présence toute relative de Catherine Griset au Parlement européen : la liste des entrées et sorties dans le bâtiment. Entre le 1er octobre et le 31 décembre 2014, l'amie de Marine Le Pen n'aurait passé que trois heures sur place. Aux enquêteurs de l'Olaf, Catherine Griset a expliqué cette courte durée par le fait qu'elle rentrait dans l'institution européenne "par le parking, dans la même voiture que Madame Le Pen". Or, tous les assistants parlementaires sont censés emprunter un portique qui leur est dédié (différent de celui des élus) lorsqu'ils sortent du parking et prennent l'ascenseur, indique L'Obs. Si l'on en croit l'explication de Catherine Griset, elle serait donc passée par le même portique de Marine Le Pen, ce qui est formellement interdit.
Le FN avait jusqu’à mardi, minuit, pour rembourser à l’UE près de 300.000 euros, mais a refusé de le faire. A partir de mercredi matin, le Parlement européen devrait donc saisir la moitié de l’indemnité parlementaire de Marine Le Pen, ainsi que la totalité de son enveloppe de frais généraux.