Son nom est sur toutes les lèvres. Eric Zemmour n'est pas encore officiellement candidat à l'élection présidentielle mais cristallise déjà toutes les inquiétudes, notamment à l'extrême droite. Et pour cause, s'il se présentait, le polémiste viendrait chasser sur les terres de Marine Le Pen, qui veut faire de l'immigration et de la sécurité les deux axes principaux de sa campagne. Pour Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l'extrême droite, Marine Le Pen devra changer de stratégie pour se différencier d'Eric Zemmour.
"Eric Zemmour prend des voix partout"
"Si Eric Zemmour se présente, cela forcera Marine Le Pen à faire beaucoup plus campagne sur le premier tour", explique-t-il au micro de Thomas Lequertier sur Europe 1. "Pour l'instant, la présidente du Rassemblement National est dans une campagne de second tour et se projette dans un match établi avec Emmanuel Macron". Marine Le Pen, qui a officiellement lancé sa campagne pour l'élection présidentielle 2022 dimanche 12 septembre lors de son discours de rentrée à Fréjus, devra s'adapter. Car Eric Zemmour pourrait facilement séduire des militants d'extrême droite, déçus des précédents échecs électoraux de Marine Le Pen, candidate à l'élection présidentielle pour la troisième fois consécutive. "Il prend des voix partout. Donc, ce sera un exercice compliqué", souligne Jean-Yves Camus.
Marine Le Pen veut séduire tous les électeurs, même à gauche
Considérée par les Français comme une personnalité clivante voire dangereuse, Marine Le Pen apparaîtra comme beaucoup moins radicale qu'Eric Zemmour, notamment sur les sujets identitaires et migratoires. Un véritable avantage pour la présidente du Rassemblement National, selon Jean-Yves Camus. Marine Le Pen veut en effet séduire un panel d'électeurs le plus large possible pour s'assurer une place au second tour. Il est donc nécessaire pour elle de ne pas braquer d'anciens électeurs de gauche déçus de la politique et qui oscillent toujours entre l'abstention et l'envie de donner une chance au RN.
Marine Le Pen doit encore attendre l'annonce officielle de la candidature d'Eric Zemmour pour organiser sa riposte. Pour l'instant, le polémiste est toujours au stade de l'"imprécation", pas encore à celui de la proposition. "Mais il est attendu sur ce qu'il ferait s'il était assis dans le fauteuil du président de la République", souligne Jean-Yves Camus. Le compte à rebours est donc lancé.