La France "n'arrêtera pas" l'opération "Wuambushu" lancée à Mayotte au nom de la lutte contre la délinquance et les bidonvilles, a assuré lundi le préfet de ce département français dans l'océan Indien, souhaitant reprendre "rapidement" les rotations de bateaux vers les Comores, suspendues par Moroni. D'après Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes et président du parti Les Républicains, invité d'Europe Matin mercredi, "on ne peut pas rester dans cette situation où on subit une vague migratoire, une véritable submersion sans réelle réaction des pouvoirs publics".
"La France accorde beaucoup de visas aux Comoriens qui viennent en France, et bien il faut comme sur les pays du Maghreb, ouvrir le débat sur les visas. Il faut qu'il y ait une réciprocité dans les droits et les devoirs", a assuré le député des Alpes-Maritimes.
"Cette opération Wuambushu à Mayotte est la bienvenue"
Les services de l'État ont lancé lundi l'opération anti-immigration baptisée Wuambushu, visant à déloger et expulser les personnes en situation irrégulière. Une opération "bienvenue" a déclaré Éric Ciotti qui a dit soutenir le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dans cette démarche. "Ce qui se passe à Mayotte est un signal pour nous, parce que demain, cela peut se passer en métropole", a-t-il avancé au micro d'Europe 1.
Mais les autorités françaises ne s'attendaient pas à rencontrer autant de difficultés. Le tribunal de Mamoudzou a suspendu l'opération "Wuambushu" d'évacuation d'un bidonville, prévue mardi dans le cadre de la lutte contre la délinquance et l'habitat insalubre à Mayotte, après le refus la veille des Comores d'accepter les bateaux de migrants expulsés.
Programmée mardi à l'aube, l'évacuation de Talus 2, un bidonville du quartier de Majicavo à Koungou (nord-est) où vivent plus de 100 familles, a été suspendue alors que les familles avaient déjà préparé leurs affaires pour quitter les lieux. La justice a ordonné "de cesser toute opération d'évacuation et de démolition des habitats visés", estimant que cela mettrait "en péril la sécurité" des autres habitants du bidonville, dont les logements seraient fragilisés.
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"Il faut une révolution en matière de politique migratoire"
Sur le volet immigration, Emmanuel Macron a prôné "un seul texte" pour "durcir nos règles" en matière d'expulsion tout en améliorant l'intégration. Ecartant ainsi l'hypothèse d'un projet découpé en plusieurs textes pour faciliter son adoption, comme il l'avait lui-même évoquée il y a un mois. Selon le député des Alpes-Maritimes, "il faut une révolution en matière de politique migratoire". "Il faut des quotas. Il ne faut plus aucun droit pour les clandestins, plus aucune prestation sociale dès le premier jour pour les réguliers. Il faut qu'on traite les demandes d'asile à la frontière. Est-ce qu'Emmanuel Macron est prêt à inscrire tout cela dans la loi ? J'en doute", a-t-il indiqué.
Le président du parti Les Républicains a annoncé vouloir un référendum sur le sujet pour "changer de cadre". "Jamais dans l'Histoire de France nous avons accueilli autant d'étrangers qu'en 2022. C'est le record absolu", a-t-il conclu.