La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, n'y est pas allé de main morte dans le JDD cette semaine. Confiant qu'elle aurait "aimé que la France accueille" l'Aquarius sur son territoire, l'édile juge que "la France n'est pas au rendez-vous de son Histoire" en matière de politique migratoire, et ce alors qu'Emmanuel Macron "se dit très pro-européen"
Défense de la politique de Hollande et Cazeneuve. "Quant à l'Union Européenne, si elle ne fait rien, elle implosera", poursuit Anne Hidalgo, alors qu'un mini-sommet européen doit se tenir dimanche sur les migrations, à Bruxelles. En France, à partir de la crise migratoire de 2015, "avec François Hollande et Bernard Cazeneuve, nous n'avons pas trouvé de solution magique, mais nous sommes arrivés à un même constat : l'accueil est une responsabilité de l'Etat, et les villes doivent soutenir l'Etat dans son action", plaide la maire PS de la capitale, évoquant le centre pour réfugiés de La Chapelle.
Charge Gérard Collomb. Avant, selon elle, "le gouvernement était pragmatique". Mais Anne Hidalgo estime qu'aujourd'hui, "il y a un durcissement difficile à comprendre". "Gérard Collomb veut renvoyer tous ceux qui ne sont pas arrivés en premier lieu par la France, les 'dublinés'. Mais l'Italie, la Grèce et l'Allemagne le refusent. Ces personnes se retrouvent alors dans l'angle mort de la loi asile immigration. Et des campements se créent", ajoute-t-elle.
Populisme. Interrogée sur un éventuel basculement de l'opinion, la maire de Paris pense notamment que "les Français sont tout à fait capables de comprendre qu'il vaut mieux organiser l'accueil des réfugiés que de laisser prospérer le chaos". "Cela demande plus de courage que de flatter le populisme. Mais si l'on cède à cette pente, les gens finiront par préférer l'orignal à la copie. Ma conviction, c'est que nous n'avons pas le droit de nous résigner à ce que des gens vivent dans la rue."
Accueil et intégration. Comme on lui demande si la France doit aller au-delà de quelque 200.000 migrants par an, elle répond : "nous avons accordé l'asile à 36.000 personne en 2017. Cela représente un réfugié par commune française. Alors oui, notre pays peut davantage (...) il nous faut avancer sur nos deux pieds : à la fois organiser l'accueil, mais aussi réussir l'intégration."