Le président français Emmanuel Macron a pris la parole ce mercredi à Bali, à l'issue du sommet du G20 marqué par la guerre en Ukraine et par un tir de missile sur le sol polonais. "Aujourd'hui, les circonstances ne permettent pas d'attribuer ces tirs, donc je resterai extrêmement prudent. Nos services travaillent en lien en particulier avec les services américains et britanniques, et en coopération très étroite avec les Polonais pour expliciter toutes ces circonstances. Et lorsqu'elles seront clarifiées, il nous appartiendra collectivement de communiquer en bon ordre et dans le bon cadre", a-t-il déclaré.
Les informations à retenir :
- L'Élysée craint l'escalade et appelle à la "plus grande prudence" sur l'origine du missile arrivé sur le sol polonais.
- La France "soutient l'intégration pleine et entière de l'Union africaine au G20".
- Emmanuel Macron a dénoncé une "agressivité croissante de l'Iran" à l'égard de la France.
Emmanuel Macron se veut extrêmement prudent
L'Élysée a déclaré mercredi matin craindre l'escalade et a appelé à la "plus grande prudence" sur l'origine de ce missile. Pour Joe Biden, il est "improbable" que ce missile ait été lancé depuis la Russie. Selon des responsables américains, les premières constatations laissent à penser que missile a pu être tiré par les forces ukrainiennes sur un missile russe. Il s'agit alors d'un missile antimissile.
Sur le communiqué final du G20, il est inscrit noir sur blanc que la plupart des membres condamnent fermement la guerre en Ukraine. Un succès diplomatique aux yeux de l'entourage d'Emmanuel Macron. Le chef de l'État s'en est lui-même félicité. "Ce n'est pas un sommet du G20 qui décide de la paix ou qui permet d'arrêter une guerre. Mais au moins avions nous, à l'occasion de ce sommet une responsabilité d'envoyer un message très clair pour éviter toute escalade, pour défendre la paix et d'éviter une division, une partition du monde. Malgré les différences de sensibilités, c'est le message clair qui a été envoyé à la communauté internationale et qu'il a été envoyé en particulier à la Russie", a poursuivi le chef d'État français.
"Le G20 n'a pas détourné le regard de la guerre en Ukraine", insiste Emmanuel Macron. La Chine, pourtant proche du Kremlin, ne s'est pas opposée à ce langage de condamnation. Ce sommet a marqué un peu plus l'isolement de la Russie sur la scène internationale.
La France "soutient l'intégration pleine et entière de l'Union africaine au G20"
Emmanuel Macron a assuré que Paris "soutient l'intégration pleine et entière de l'Union africaine au G20", au même titre que l'Union européenne en est membre, lors d'une conférence de presse. Il a estimé qu'il s'agissait d'un "élément clé" de la recomposition des "règles de gouvernance des institutions internationales". "Si nous voulons pleinement prendre en compte une solidarité à l'égard du Sud, nous devons accepter que l'Union africaine, comme l'Union européenne, soit autour de la table", a-t-il déclaré.
Le président français a également annoncé la tenue "en juin prochain à Paris" d'une "conférence internationale sur un nouveau pacte financier avec le Sud", avec le souhait de "créer les conditions d'un véritable choc de financement vers le Sud" car "nous ne devons nous ne pouvons pas demander à ces pays de soutenir le multilatéralisme, si celui-ci n'est pas en capacité de répondre à leurs urgences vitales".
Il s'agira notamment de "faire un point d'étape" sur la réallocation des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI des pays riches vers les pays les plus pauvres. La France a "pris l'engagement, avec quelques autres, de pouvoir réallouer 30% de nos droits de tirage spéciaux" aux "pays les plus fragiles", a précisé le chef de l'État en conclusion du G20 sous présidence indonésienne. Les DTS sont une sorte de monnaie créée par le FMI. Ils peuvent être accordés par le FMI directement aux pays membres qui peuvent les utiliser soit pour rembourser leurs obligations auprès du FMI, soit pour ajuster leurs réserves monétaires.
Le G20 a permis d'avancer sur le plan de la restructuration des dettes des pays les plus fragiles
Emmanuel Macron a également expliqué que la réunion du G20 mardi et mercredi avait "permis d'avancer sur le plan de la restructuration des dettes des pays les plus fragiles, qui est un élément-clé de la solidarité". "Nous devons sortir d'un statu quo pour les pays les plus pauvres et mobiliser massivement le secteur privé, en tout cas le mobiliser bien davantage pour la révolution énergétique, agricole et industrielle", en desserrant "une partie des contraintes dans l'accès au financement".
"Nous devons, dans le cadre de ce nouveau pacte financier, également intégrer la question de la vulnérabilité climatique", a insisté le président français. Un "groupe de sages" en marge de la COP27 de Charm-el-Cheikh en Egypte a été "mandaté" pour "avancer techniquement" sur des "mécanismes financiers spécifiques", a-t-il détaillé.
Macron appelle l'Iran au "calme"
Emmanuel Macron a dénoncé mercredi une "agressivité croissante de l'Iran" à l'égard de la France par "des prises d'otage inadmissibles", et appelé Téhéran à "revenir au calme et à l'esprit de coopération". S'exprimant lors d'une conférence de presse en clôture du sommet du G20 en Indonésie, le président français a également appelé l'Iran "au respect de la stabilité régionale", évoquant "les bombardements ces derniers jours sur le sol irakien".
L'Iran a lancé une nouvelle série de frappes de missiles et de drones lundi contre des groupes d'opposition kurdes iraniens basés au Kurdistan d'Irak voisin, tuant au moins une personne et en blessant huit, selon des responsables locaux. "La France a toujours respecté les dirigeants, le peuple iraniens. Nous avons toujours été dans une approche de discussion, de respect. Je pense que les choix qui ont été faits ces derniers mois ne vont pas dans ce sens du côté de l'Iran. Donc j'appelle au retour au calme, au respect de la stabilité régionale, au respect aussi des ressortissants français", a ajouté Emmanuel Macron.
Macron a salué "le courage et la légitimité" de "cette révolution des femmes et de la jeunesse iranienne"
Emmanuel Macron a salué "le courage et la légitimité" de "cette révolution des femmes et de la jeunesse iranienne", après des semaines de manifestation, et après la réception de dissidentes vendredi 11 novembre à l'Élysée fustigée par Téhéran.
Ces femmes et ces jeunes "défendent nos valeurs, nos principes universels. Je dis +nos+, je ne parle pas de la France, ils sont universels, ils sont aussi ceux de notre Charte des Nations Unies : l'égalité entre les femmes et les hommes, la dignité de chaque être humain", a dit Emmanuel Macron. "Je pense qu'il était tout à fait légitime, là aussi, respectant pleinement la souveraineté de l'Iran, de saluer le courage et la légitimité de ce combat", a-t-il conclu.
L'Iran est le théâtre de manifestations depuis la mort, il y a deux mois, de Mahsa Amini, une Kurde de 22 ans arrêtée pour infraction au code vestimentaire strict qui oblige les femmes à porter le voile islamique en public. Les autorités dénoncent des "émeutes" et des centaines de personnes ont été arrêtées. La justice iranienne a prononcé mardi une condamnation à mort à l'encontre d'un "émeutier", a annoncé l'agence de presse de l'Autorité judiciaire, la seconde peine de ce type en l'espace de trois jours.