La majorité présidentielle peut-elle perdre l'une des seules grandes villes françaises dont elle a aujourd'hui la gestion ? Gérard Collomb, maire élu sous l'étiquette Parti socialiste en 2014 mais pilier du mouvement macroniste, ne se représente pas à la Ville mais à la métropole (voir encadré). Et cette décision a des conséquences directes sur la campagne actuelle des élections municipales : sans prime au sortant, la course s'annonce plutôt indécise dans la troisième ville de France, avec des écologistes et des Républicains bien placés en vue du premier tour, ainsi qu'une dissidence.
Un mode de scrutin doublement particulier
À Lyon, les électeurs vont voter dans deux urnes distinctes les 15 et 22 mars : l'une est propre à la Ville, avec des conseillers municipaux élus à l'intérieur de neuf secteurs électoraux, qui recoupent les neuf arrondissements de la commune.
L'autre élection concerne la métropole, dotée depuis 2015 de vastes compétences, notamment . Les habitants des 59 communes de la métropole, réparties en 14 circonscriptions, désigneront 150 conseillers métropolitains. Ces derniers éliront ensuite un ou une présidente de la Métropole lyonnaise. Et dans ce scrutin, c'est l'actuel maire de Lyon Gérard Collomb qui est favori, selon les sondages. D'après une étude OpinionWay, réalisée le 15 février, l'ancien ministre de l'Intérieur (26%) devance l'EELV Bruno Bernard (20%), le candidat LR François-Noël Buffet (15%) et le dissident LREM David Kimelfeld (14%).
La majorité présidentielle en danger ?
Si on se concentre sur la Ville, la course pour le fauteuil de maire laissé vacant par Gérard Collomb paraît extrêmement ouverte, à moins de deux semaines du premier tour. Aucun candidat ne peut clamer l'étiquette de favori incontestable. Selon un sondage OpinionWay pour LyonMag, réalisé le 15 février, l'écologiste Grégory Doucet arrive en tête des intentions de vote avec 22%, devant le candidat Les Républicains Étienne Blanc (21%), adjoint de Laurent Wauquiez à la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Derrière, l'ancien gymnaste Yann Cucherat, adoubé par Gérard Collomb et investi par La République en marche et le MoDem, récolterait 15% des suffrages, mais ce chiffre et cette troisième place sont à prendre avec des pincettes, puisque des sondages précédents l'ont donné en deuxième, voire en première place.
Dans cette campagne, la candidature dissidente de Georges Képénékian, maire pendant le passage de Gérard Collomb place Beauvau et depuis brouillé avec lui, perturbe en tout cas le plan de la majorité de réaliser le doublé Ville-métropole. Dans l'hypothèse d'une triangulaire, voire d'une quadrangulaire, les regards vont se porter vers les candidats pressentis pour être outsiders : la liste Insoumise de Nathalie Perrin-Gilbert, la liste Rassemblement national d'Agnès Marion et la liste Parti socialiste de Sandrine Runel, notamment.
Les grands thèmes de la campagne
À Lyon, la qualité de l'air est sans doute le sujet plus prégnant de cette campagne municipale. Ce n'est pas un hasard : cette métropole de 1,37 million d'habitants a récemment subi une alerte à la pollution, fin janvier. La circulation a été contrainte pendant six jours, après 33 pics de pollution durant l'année 2019.
Entré tôt en campagne, le candidat LR Étienne Blanc tente de rivaliser dans le domaine de la réduction de la pollution avec l'écologiste Grégory Doucet. Lequel souhaite créer "un axe municipal EELV" entre Lyon et Grenoble, où le maire Éric Piolle espère rééditer sa performance de 2014.
Plus globalement, c'est l'écologie et la nature en ville qui dominent la campagne, caractéristique fréquente des scrutins dans les grandes métropoles. Avec un focus mis sur les transports par beaucoup de candidats, sur l'intensification des lignes de bus et le développement des voies cyclables. Enfin, comme dans de nombreuses villes, le logement et la sécurité ne sont pas délaissés, y compris par les Verts, qui jouent leur crédibilité à gouverner au niveau municipal.