Ce sera évidemment, comme à chaque élection municipale, la ville la plus scrutée par les acteurs et les observateurs de la vie politique. Paris, la capitale, est un symbole. Le parti qui l’emporte peut déjà crier victoire au soir du deuxième tour des municipales, quand bien même il aurait échoué au niveau national. Le maire de Paris est en efffet une personnalité incontournable de la vie politique française, et c’est pourquoi son fauteuil est si convoité. En 2020, ce sont trois femmes qui devraient se disputer la victoire : la tenante Anne Hidalgo, soutenue par le PS notamment, la LR Rachida Dati, et la candidate LREM Agnès Buzyn.
Un mode de scrutin particulier
Avant de se pencher sur les candidats, il convient de s’arrêter sur le mode de scrutin bien particulier à Paris. Un scrutin à l’américaine, qui désigne des grands électeurs, qui se retrouveront au sein du Conseil de Paris pour élire le maire. Pour faire simple (ce qui n’est pas aisé), il y aura en fait 17 élections municipales dans la capitale (les quatre premiers arrondissements sont regroupés en un seul secteur appelé Centre). Chaque arrondissement enverra des conseillers de paris - les mieux placés sur chaque liste - dont le nombre est défini en fonction de leur population. C’est pourquoi les sondages d’opinion ne peuvent dégager que des tendances au niveau municipal.
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Trois femmes pour un poste
Ce n’est pas faire injuste aux autres candidats que d’affirmer que le prochain maire de Paris sera parmi ces trois-là. Pour l’heure, au vu des enquêtes d’opinion, c’est Anne Hidalgo qui part favorite. D’abord parce qu’elle apparaît en tête dans les sondages. Ensuite parce qu’elle dispose d’une réserve de voix importante avec celles de l’écologiste David Belliard, qui devrait selon toute logique la rallier entre les deux tours.
Rachida Dati profite, elle, d’une belle dynamique. Mais la candidate Les Républicains, pour le coup, aura du mal à rassembler pendant l’entre-deux-tours. Il faudrait pour qu’elle l’emporte une alliance avec Agnès Buzyn, qui parait bien improbable politiquement. L’ex-ministre de la Santé, qui a remplacé Benjamin Griveaux, empêché après la divulgation de vidéos à caractère sexuel, semble moins clivante que l’ancien candidat, mais elle pâtit encore et toujours de la dissidence de Cédric Villani, même si ce dernier a peu à peu marqué le pas. Et même en cas d’alliance avec le célèbre mathématicien après le premier tour, elle aura du mal à l’emporter au final.
Malgré l’importance des thèmes écologistes dans la campagne, le candidat soutenu par Europe Ecologie-Les Verts ne semble pas en mesure de l’emporter. Et David Belliard devrait disputer la quatrième place à Cédric Villani. Quant aux autres candidats, leur objectif sera de dépasser la barre des 5% pour avoir le droit de nouer des alliances entre les deux tours. C’est du domaine du possible pour la candidate LFI Danielle Simonnet, cela semble plus aléatoire pour le Serge Federbusch, soutenu par le Rassemblement national, et impossible pour le forain Marcel Campion, malgré le soutien de personnalités tels que Jean-Marie Bigard.
Les grands thèmes de la campagne
D’un côté, Anne Hidalgo tente d’imposer ses thèmes de campagne, à savoir l’écologie, la solidarité et la construction de logements. La maire de Paris veut poursuivre une politique visant à réduire la place de la voiture dans la ville, avec comme étendard la piétonnisation des voies sur berge, sur laquelle ses adversaires auront bien du mal à revenir.
Mais la maire de Paris est confrontée à une attaque, sinon coordonnée, du moins combinée, de ses deux principales rivales, sur deux grands thèmes. D’un côté, la sécurité, de l’autre la propreté, deux secteurs au sujet desquels et Rachida Dati et Agnès Buzyn pensent pouvoir attaquer leur adversaire sur son bilan. Les candidates LR et LREM font donc tout pour les mettre au cœur du débat.
Enfin, l’épidémie de coronavirus s’est invitée dans la campagne, avec une polémique entre Agnès Buzyn. La première, ancienne ministre de la Santé, a accusé lundi sur Europe 1 la seconde d’impréparation en cas d’arrivée de la maladie dans la capitale. La seconde lui a répondu, documents à l’appui, que ses services avaient bel et bien préparé la ville à un tel cas, en lien avec… le ministère de la Santé.