Éric Zemmour est-il le grand perturbateur de la campagne présidentielle de la droite ? Alors que Les Républicains avancent à pas que certains jugent trop lents (ils désigneront leur candidat pour 2022 le 4 décembre lors d'un Congrès) et ont jusqu'ici surtout débattu du mode de départage de celui ou celle qui se lancera avec leur étiquette, l'omniprésence médiatique du polémiste d'extrême droite pourrait gêner. Mais pas Nadine Morano. L'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy l'a assumé lundi sur Europe 1 : "sa parole ne me dérange pas. Il apporte au débat public."
Eric Zemmour, "quelqu'un empreint de sincérité"
"Eric Zemmour est un ami, je le connais depuis très longtemps", justifie également l'eurodéputée LR. "C’est quelqu'un qui a une profonde culture, qui aime la France, qui est empreint de sincérité. On peut être d’accord ou pas mais je crois qu’il participe au débat", explique-t-elle. "Il met le doigt sur des sujets sensibles, voire tabous."
Nadine Morano n'a donc aucun problème à débattre avec l'écrivain. "Je préfère voir quels sont nos accords et nos désaccords plutôt que de laisser croire qu’Éric Zemmour serait radio Kaboul." Un tacle à peine dissimulé au président du Sénat, Gérard Larcher, qui avait employé cette expression sur Europe 1 la semaine dernière. Celui-ci avait en effet expliqué ne partager "ni les idées ni les valeurs" d'Éric Zemmour. "Sur son positionnement vis-à-vis des femmes, j'ai l'impression d'entendre radio Kaboul."
Des désaccords sur l'Union européenne
De quoi faire bondir Nadine Morano. "Je crois que c’est plutôt quelqu'un qui sonne le tocsin contre ce que pourraient être des radio Kaboul dans certains quartiers", explique-t-elle. "Il faut avoir le courage de parler de notre civilisation, de nos racines chrétiennes, de ce qu’est la France, des quartiers de non droit, de non France sur le territoire français, de cette immigration qu’on n’arrive plus à intégrer."
Sur quels sujets, donc, se tient-elle plus éloignée d'Éric Zemmour ? L'eurodéputée mentionne l'Union européenne, non sans émotion. "J’ai des désaccords profonds avec lui sur l’Europe. Je suis attachée à l’Europe, je crois qu’il vaut mieux revoir un fonctionnement pas suffisamment adapté en le faisant de l’intérieur plutôt que de penser à détruire l’Europe. Je préfère des traités mal adaptés que des millions de morts sur des champs de bataille." Nadine Morano estime par ailleurs qu'Éric Zemmour n'a "aucune proposition" pour la France et se contente plutôt d'un constat.
Derrière Michel Barnier
C'est peut-être ce goût pour l'Europe qui porte Nadine Morano à vanter les mérites de Michel Barnier, ancien négociateur du Brexit pour l'Union européenne, et désormais candidat pour représenter LR à l'élection présidentielle. "J'ai beaucoup travaillé avec Michel Barnier", explique l'eurodéputée. "Il coche toutes les cases. Il a été élu local, parlementaire aguerri, ministre plusieurs fois, commissaire européen, c’est lui qui a géré le Brexit et c’est quelqu’un qui connaît justement ce qu’il faudrait changer dans le fonctionnement de l’Europe."
À l'inverse, Nadine Morano adresse des piques à Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, qui ont tous deux quitté LR et se portent désormais candidats de la droite. "Ce sont deux personnalités que j’apprécie mais qui ont eu la mauvaise idée de quitter notre famille politique." Alors que Xavier Bertrand compte faire l'impasse sur le Congrès du 4 décembre, Nadine Morano "le regrette" et "l'appelle à ne pas faire son aventure seul".