Dimanche soir, la France des mairies ne sera pas bleu marine : après avoir conservé les municipalités remportées lors des élections de 2014, le Rassemblement national n'est pas en mesure de l'emporter dans de nombreuses villes lors du second tour de ce scrutin. C'est la raison pour laquelle l'eurodéputé RN Nicolas Bay choisit de minimiser ce rendez-vous électoral au micro d'Europe 1, vendredi soir. Selon lui, "la présence aux élections municipales est une étape importante mais pas forcément décisive" dans la conquête du pouvoir visée par le parti d'extrême droite.
Les yeux rivés sur Perpignan
D'abord, "la plupart des mairies gagnées en 2014 ont été conservées dès le premier tour" et le RN peut "en gagner quelques unes supplémentaires au second tour". Pour dimanche, tous les yeux bleu marine se tournent vers Perpignan, où le cadre du parti Louis Aliot va tenter d'arracher la mairie au front républicain incarné par le maire sortant, Jean-Marc Pujol. "Il y a une vraie dynamique" dans la ville catalane, assure Nicolas Bay.
Mais si le Rassemblement national n'engrange pas de très bons résultats, dimanche, ce serait aussi en partie à cause d'une forme de clientélisme pendant cette période particulière, après le premier tour du 15 mars : "Certains maires ont profité de la crise sanitaire pour faire oublier leur mauvais bilan, en distribuant des masques. ll faut voter sur le vrai bilan des maires, les gaspillages, l'insécurité, le clientélisme, les excès de la fiscalité."
"L'implantation locale ne s'improvise pas"
Mais plus structurellement, le Rassemblement national éprouve des difficultés à s'enraciner dans la vie politique locale : "L'implantation locale ne s'improvise pas" et celle du RN est "imparfaite", concède Nicolas Bay, qui pointe immédiatement les résultats très mitigés de La République en marche, parti né en 2016 qui "n'arrive pas à s'implanter localement". "On voit les partis qui font 8% au niveau national qui parviennent à conserver leurs avantages, car le vote se fait hors des partis politiques et les personnalités locales bénéficient d'un soutien de la population", avance-t-il.
Ces raisons poussent le Rassemblement national à "enjamber" un scrutin qui ne lui est traditionnellement pas favorable : "Le Rassemblement national n'a pas comme objectif unique l'alternative municipale, même si c'est une étape importante qui peut servir concrètement dans l'action quotidienne de proximité, nuance-t-il, avec une visée plus lointaine : "Notre objectif, soyons clairs, est d'arracher le pays au déclin."